« Mais, quelque part en moi, subsistait l’exil – l’exil par rapport à moi-même. Je me jetais avec passion dans l’écriture ».
Pour revisiter les mots et les « débarrasser de leur gangue, Driss Chraïbi se retranche dans cet exil qui l’habite, lieu de doute et de questionnement mais où il aime, cependant, s’oublier à vivre pour échapper aux « basses contingences terrestres ».
Né à El Jadida en 1926, et vivant en France depuis des décennies, Driss Chraïbi est l’un des écrivains majeurs de la littérature marocaine de langue française. Sa formation initiale s’est faites dans les études françaises et arabes, puis dans le domaine de la chimie. Il a par ailleurs travaillé dans le domaine de la radio, en produisant des émissions pour France-Culture.
Auteur prolifique, il a donné à lire une oeuvre riche et diverse alliant écriture acerbe et contestataire et un style ferme, jovial et chargé d’humour : succession ouverte, Les Boucs, L’Inspecteur Ali, L’Homme qui venait du passé, etc.
Le Passé simple, son texte fondateur, a, au moment de sa parution en 1954, provoqué un étrange malaise parmi l’élite. A-t-il été trop loin dans la dénonciation des travers de la société ? a-t-il soulevé le voile des non-dits et des tabous ? Des questions à méditer…
L’œuvre de D. Chraïbi tient de ces monuments passionnants et passionnés qui laissent une trace indélébile dans les mémoires. Elle est le produit d’une écriture vigilante et constamment soucieuse des faits et de la dynamique qui sous-tend l’homme et la société.
C’est en vue de rendre hommage à cette figure symbolique de notre littérature d’expression française que l’Association Provinciale pour les Affaires Culturelles, l’Association At’Art et le Laboratoire d’Etudes et de Recherche sur l’Interculturel (LERIC), en collaboration avec d’autres partenaires, a organisé deux journées d’étude consacrées à l’homme et à son œuvre, en présence de l’auteur lui-même.
Le second objectif était de tenter d’apporter quelques éléments de réponse aux questions soulevées par l’existence de cette littérature dans le paysage socioculturel marocain.
Comité d’organisation du colloque