La cité portugaise d’El Jadida, patrimoine universel
La cité portugaise d’El Jadida est encore une fois sous les feux de la rampe. Son classement en tant que patrimoine de l’humanité n’arrête pas de susciter l’intérêt de différentes composantes de la ville.
Dans ce climat de nouvel optimisme, nous avons rencontré M. Azzeddine Karra, directeur du Centre du patrimoine maroco-lusitanien et membre actif de la cellule de réflexion consacrée au dossier de classement, pour nous rapprocher un peu plus des éléments de ce dossier.
“Libé”: On ne peut aborder la question du patrimoine historique dans la province d’El Jadida sans évoquer en tout premier lieu la cité portugaise…Que représente au juste cette merveille?
Azzeddine Karra: La cité portugaise certainement ne peut se réduire en une muraille, c’est tout un système de défense construit par les Portugais sur deux étapes durant la première moitié du 16ème siècle. Le but était celui de garantir la pérennité de la colonie portugaise sur cette zone de la côte atlantique marocaine. C’est la plus grande fortification portugaise sur les côtes africaines, dotée d’un système de défense très complexe, qui protégeait à l’intérieur des quartiers résidentiels et des équipements religieux et publics qui constituent actuellement les joyaux de cette cité.
Quelles sont les raisons qui font qu’elle soit toujours à la traîne, quant à son inscription dans le patrimoine universel?
Le premier dossier de candidature de la cité portugaise sur la liste du patrimoine mondial fut présenté à l’Unesco en l’an 2000. L’organisme technique relevant de cette instance, qui fut chargé d’étudier ce dossier, en l’occurrence l’Icomos, avait alors très bien apprécié la qualité universelle exceptionnelle de la cité. Cependant, il a jugé utile de différer l’examen du dossier afin de garantir le maximum de mesures de sauvegarde et de mise en valeur du bien proposé, notamment en ce qui concerne la délimitation d’une zone de protection artistique du site, la mise en œuvre d’un plan de gestion le concernant, ainsi que le renforcement du contrôle de l’urbanisme aussi bien dans le site que dans sa zone environnante.
Quels sont aujourd’hui les chemins les plus sûrs pour que le dossier de classification ait des chances d’aboutir?
Je crois que la première étape est celle que nous avons déjà entamée sous la présidence de Monsieur le gouverneur de la province, par l’organisation d’une journée d’étude le 11 février à laquelle nous avons invité les différents intervenants dans ce domaine (Administrations, élus, associations …). C’était une occasion de mobiliser et de responsabiliser tout le monde, évidemment tout en traçant les objectifs qu’il faut atteindre et les moyens qu’il faut mobiliser selon les recommandations déjà exprimées de l’Unesco.
Quelle est la place des monuments historiques dans la dynamique touristique locale surtout si on prend en considération le projet de la station balnéaire de Haouzia?
Les monuments historiques ont assurément leur place dans le développement du tourisme d’une manière générale. En ce qui concerne la province d’El-Jadida, les efforts des autorités provinciales sont d’ores et déjà concentrés sur la médina d’Azemmour pour l’arrimer correctement à la station de Haouzia. Le projet de restauration et de réhabilitation de la capitainerie est actuellement en cours de réalisation. La Casbah de Boulaouan est également prise en considération dans la mesure où elle peut constituer une escale importante dans un futur circuit touristique de l’arrière-pays de Doukkala.
Chahid Ahmed – Libération 20-02-2004