· Sans préavis ni AG, les dirigeants ont largué le club avec ses ardoises
· Une nouvelle équipe est constituée pour combler le vide
· Premier objectif, collecter des fonds pour éponger les dettes
Ceci donne une idée sur la gestion des affaires sportives au Maroc. Le célèbre club de football du Difâa Hassani El Jadida (DHJ) n’en est qu’un exemple. Mais qui explique pourquoi nos jeunes sont incapables de remporter des médailles. Bien sûr, ils ne pourront pas donner le maximum d’eux-mêmes, faute d’encadrement et de gestion rigoureuses. Excepté l’athlétisme qui fait encore quelques miracles, les autres sports sont laissés à l’abandon.
Le cas du DHJ est saisissant: club endetté, des joueurs sans salaire, pas moins de 3 entraîneurs qui se sont relayés pour une seule année, recettes médiocres… Face à cette situation, la commission dirigeante du club, qui a péché par manque d’expérience, a décidé tout bonnement d’abandonner le club. Les dirigeants ont quitté leurs postes sans préavis, laissant le club livré à lui-même. C’est inconscient. «Cette commission devait au moins tenir son AG pour passer le flambeau», regrette Abderrahmane Kamel, député de la ville et président d’honneur du DHJ.
Le club a tourné l’année dernière avec à peine une enveloppe budgétaire de 3 millions de dirhams. Ce qui est très modeste. «Nous avons manqué de recettes suffisantes pour faire face à un championnat difficile avec des charges et des arriérés à payer», se défend Mohammed Ayoubi, trésorier du DHJ et un des deux seuls membres reconduits de l’ancienne équipe. Cette année, la province d’El Jadida a connu une relance économique spectaculaire avec d’importants investissements dans différents domaines, précise le trésorier du club.
Le volet sportif doit aussi accompagner cette évolution, ajoute-t-il. Les joueurs qui n’avaient pas perçu 2 mensualités et 3 primes avaient eux aussi disparu dans la nature. Pour payer les arriérés des joueurs, de l’entraîneur et du personnel administratif, il fallait combler un déficit de 351.000 DH. Abderrahmane Kamel vient de réunir autour de lui des responsables et des personnalités de la ville. Des contacts ont eu lieu, entre autres, avec Mohamed Aboulfaraj, président du conseil provincial et avec Abdellatif Toumi, président de la communauté urbaine. Une réunion d’urgence a eu lieu avec le gouverneur Driss El Khazzani pour former un nouveau comité avec comme président El Mostafa Antari, ingénieur agronome. La nouvelle équipe dirigeante est tenue par un contrat d’objectifs qui concerne l’accession du DHJ en première division. Ce nouveau président du DHJ, expérimenté dans le domaine, connaît bien le club DHJ depuis des années. Durant la séance de travail avec le gouverneur, 220.000 DH ont été collectés le même jour pour le règlement des dettes des joueurs et de l’entraîneur, fait savoir Abderrahmane Kamel. Le gouverneur a veillé au règlement des salaires des joueurs qui ont repris le lendemain les entraînements, informe El Mostafa Antari. Des instructions ont été données pour la restauration des joueurs durant la période des préparations, ajoute-t-il.
Mauvais héritage
Le comité dirigeant et les joueurs n’ont pas de local pour se réunir. Le club-house situé sur un terrain faisant partie du stade et qui était un endroit de rencontre des joueurs et des adhérents a été cédé hâtivement, sans transparence, avancent des membres du club. Les redevances mensuelles ont été fixées à 100.000 DH. Mais le locataire ne paie actuellement que 70.000 DH par mois, expliquent encore des membres. La dernière séance de travail du DHJ a eu lieu au centre d’accueil au lieu de profiter des structures du club-housse devenu un simple bar dans la ville au grand dam d’une clinique privée dans le voisinage.
Subventions
L’année dernière, la municipalité et la province ont versé au club 300.000 DH. Quelques entreprises ont fait des dons qui ont approché les 90.000 DH. Le transfert de 3 joueurs avait permis au club d’engranger la somme de 630.000 DH. Les recettes des rencontres ont été particulièrement modiques et se sont élevées à 134.000 DH. Les adhérents, à peine 60, ont versé 150.000 DH. Le GNF (groupement national de football) a versé de son côté 225.000 DH et la location du Club-house a rapporté 770.000 DH pour 11 mois. La nouvelle équipe dirigeante compte pour la saison en cours se doter d’une enveloppe budgétaire de 5 millions DHS sous forme de dons, soutiens des sponsors et subventions des collectivités locales
Mohamed RAMDANI – L’économiste du 24-08-2004