INTERVIEW DE M. SATORI RACHID PRESIDENT DU C.R.T DOUKKALA-ABDA

« El Jadida est un ville pleine de charme, située elle aussi dans un site remarquable, et son potentiel culturel est réellement très important »

Libération : Peut-on dire aujourd’hui que le CRT Doukkala-Abda est en voie de normalisation de ses structures et ses plans d’action ?

Rachid SATORI : Le CRT Doukkala abda est aujourd’hui opérationnel et actif, ses structures sont majoritairement en place et un plan d’action a été élaboré et suivi d’effet.

Nous sommes actuellement entrain de travailler avec une agence spécialisée à la mise en place de notre identité visuelle, la création de notre charte graphique ainsi qu’un site web.

Libération : Personne ne peut nier le fait que la région représente depuis toujours une destination naturellement privilégiée en matière de tourisme, dans son sens le plus large …aussi, peut-on s’interroger sur les mesures d’accompagnement indispensables, à même de concrétiser tout cela sur le terrain ?

Rachid SATORI : Il est vrai que notre région dispose d’un potentiel énorme autant pour le tourisme balnéaire que pour le tourisme rural.
Nous sommes d’autant privilégiés que notre région a été retenue pour abriter l’un des six grands projets de stations balnéaires du plan AZUR (station balnéaire Mazagan).

Libération : A ce propos, quel est le programme de votre CRT, durant cette première année, pour mieux vendre la destination Doukkala-Abda ?

Rachid SATORI : Nous avons élaboré un programme assez ambitieux de promotions de notre région.

  • L’organisation d’éductours des marchés émetteurs (France, Italie, Allemagne, Portugal et Espagne)
  • Participation aux salons & foires de tourisme internationaux, à ce sujet nous avons déjà participé au mois de février au salon TOURISSIMA à Lille, salon organisé par la région nord Pas de Calais et accès essentiellement sur le tourisme rural.

Libération : Ne serait-t-il pas plus logique de prendre en considération les différents aspects du tourisme dont dispose chacune des deux provinces de la région, et procéder ainsi à des promotions ciblées…parce que si le balnéaire prédomine à El Jadida, il se pourrait qu’il soit moins porteur à Safi, eu égard de la rareté de ses plages et la nature rocheuse de ses côtes ?

Rachid SATORI : Il est clair que notre vision s’inscrit dans un cadre global, nous sommes conscients que chacune des provinces a ses spécificités mais nous avons en commun dans toute la région un arrière pays très riche et diversifié, à titre d’exemple, les souks hebdomadaires qui sont parmi les plus importants du Maroc, le Douar de Sidi Smail impressionnant par la présence des couturiers (13OO ménages vivent dans ce douar), la Kasbah de Boulouane dont les remparts inspirent le respect, les tazotas, les maîtres fauconniers, les éleveurs de Slouguis, etc, etc…

Pour cela nous avons décidé de privilégier et de travailler en priorité sur le tourisme rural.

Libération : Tant que nous y sommes, quel genre de tourisme estimez-vous le plus viable, pour l’une et l’autre des deux provinces ?

Rachid SATORI : Notre objectif est de développer toute la région Doukkala-Abda, que ce soit en tourisme balnéaire, culturel ou rural, il faut noter que de plus en plus de nationaux s’intéressent à notre région.

La poterie de Safi est aujourd’hui connue dans le monde entier, la medina entourée de remparts mérite qu’on s’y attarde. La ville, très agréable, serait en mesure de retenir les touristes.

La proximité de Essaouira et de Marrakech permettrait de développer une stratégie lui faisant bénéficier des millions de touristes qui séjournent dans ces deux villes ; ces perspectives restent toutefois tributaires de la réhabilitation de la liaison routière Safi/Marrakech, en très mauvais état. La ville ne bénéficie pas non plus de connexion au réseau national des autoroutes.

El Jadida est un ville pleine de charme, située elle aussi dans un site remarquable, et son potentiel culturel est réellement très important (le centre historique de la cité offre l’un des plus remarquables exemples d’architecture militaire portugaise)

La liaison autoroutière entre Casablanca et El Jadida (le dernier tronçon sera terminé au printemps 2006) désenclave désormais la ville, et permet d’envisager une augmentation importante de courts séjours de la part de la population urbaine de Casablanca et Rabat.

Là encore, on peut affirmer cependant que la ville n’a pas encore à l’étranger, l’image qu’elle mérite ; elle est encore beaucoup plus perçue comme une ville industrielle, alors même que les centres industriels ont été déplacés à l’extérieur de la ville.

Libération : Ne croyez vous pas que la tendance pour les années avenir sera orientée vers le tourisme rural…dans ces conditions , quels circuits peut-on mettre en évidence, bien sûr, au-delà du classique Tazotas-boulaouane-fauconnerie, qui s’est dèja bien positionné sur les marchés ?

Rachid SATORI : Lors des assises nationales de tourisme en 2001, le Maroc s’est officiellement engagé dans une nouvelle politique touristique et a fixé 3 grandes orientations stratégiques.

repositionner le tourisme balnéaire.

recentrer l’offre culturelle

développer le tourisme rural.

Cette dernière thématique est désormais d’ordre national, le tourisme étant considéré comme une alternative de développement du monde rural, le CRT Doukkala-Abda a donc privilégié cette niche et nous avons pris contact – depuis le mois de juin avec le conseil régional Nord-Pas de Calais que nous avons sollicité pour nous aider à développer le tourisme rural dans notre région du fait qu’ils ont mené avec succès un certain nombre d’actions dans ce domaine dans la région Fès, Boulemane et Meknès.

Après une première visite de la Directrice de CEFIR (Madame BECQUET, Représentante de la région Nord pas de Calais), cette dernière a été tout de suite séduite par la richesse de notre arrière pays et la volonté partagée par les autorités locales, compétentes de développer cette région.

Depuis plusieurs séances de travail, ont eu lieu entre les représentants du Nord Pas de Calais et ceux de Doukkala-Abda, nous ne pouvons considérer que l’objectif du calendrier que nous nous sommes fixé a été atteint.

Libération : Depuis quelques temps, que ce soit dans l’ancienne médina d’Azemmour ou dans la cité portugaise d’ El Jadida, la mode est pour les maisons d’hôtes…sommes nous sur les pistes de Marrakech, en ce qui concerne ce domaine, qui parait saturé dans la cité ocre ?

Rachid SATORI : Azemmour ne sera jamais Marrakech, c’est une petite ville très attachée à ses traditions qui attire de plus en plus de touristes.

Il commence à y avoir une implantation de maisons d’hôtes, cela ne peut que contribuer au développement de cette ville qui a un charme très particulier et dont les ruelles séduisent par les nombreuses fresques d’artistes qui décorent les murs.

Propos recueillis par : CHAHID Ahmed – Libération du 06-03-2006