El Jadida: 100 jours de campagne pour les unités sucrières · La sucrerie a déboursé 92 millions de DH aux betteraviers

· Des primes pour encourager l’arrachage avancé

Les unités sucrières de Sidi Bennour et Zemmamra (dans la région d’El Jadida) ont bouclé leur campagne de collectes de betterave. Les dernières livraisons ont été réceptionnées le 31 juillet. La campagne est limitée à 100 jours.

Car au-delà de ce délai, la betterave ne répond plus aux normes. Avec les fortes chaleurs, la composition chimique de la betterave se dégrade. Le saccharose contenu dans la plante et qui est essentiel pour produire du sucre se transforme en glucose inutilisable, explique Lahcen Aît Hadouch, directeur des sucreries des Doukkala. Pour disposer d’un produit de qualité, l’entreprise a mené une campagne de sensibilisation avec des primes aux agriculteurs pour les inciter à respecter le calendrier d’arrachage. Généralement, les agriculteurs ont tendance à retarder l’arrachage des betterave. Car avec une plus grande maturation, la plante aura un poids supplémentaire. Les cultivateurs pensent ainsi gagner plus d’argent, oubliant que ceci pourrait avoir des répercussions sur la qualité. Pour encourager une campagne d’arrachage avancée, des primes sont accordées par Cosumar durant une période déterminée. En effet, au début de la campagne, l’entreprise proposait un prix majoré de 30% sur les betteraves livrées par les premiers agriculteurs. Cette faveur a été réduite à 5% pour les retardataires.

Cette année, il a été décidé de respecter rigoureusement le programme de betterave arrêté au niveau du CTRB (comité technique régional de la betterave). Pour cette campagne, les superficies pour la culture de la betterave ne devaient pas dépasser 18.460 ha. Pour respecter cette clause, un contrat a été conclu entre l’usine sucrière Cosumar et les agriculteurs. L’objectif est d’éviter une surproduction qui dépasse la capacité de traitement de la Cosumar.

Les sucreries de Sidi Bennour et Zemmamra peuvent traiter actuellement 12.000 tonnes par jour. Mais l’entreprise a un projet pour augmenter cette capacité. C’est un investissement de 800 millions DH pour passer à 17.000 tonnes brutes par jour à l’horizon de 2006. A noter aussi l’extension des équipements hydrauliques pour augmenter la superficie réservée à la betterave afin d’atteindre 24.000 ha.

Selon les responsables de Cosumar, la qualité a été au rendez-vous cette année, autant en amont qu’en aval. Les quantités de betteraves livrées par les agriculteurs ont été de plus d’un million de tonnes. Le traitement de cette production exige également une main-d’oeuvre importante. En plus des 300 employés permanents dans les 2 sites, l’entreprise a fait appel à près de 400 occasionnels.

Ces bonnes récoltes s’expliquent par les conditions climatiques favorables caractérisées par une répartition régulière des précipitations dans le temps et dans l’espace. Ce qui avait permis la réussite de l’installation de la culture (germination et levée) pour atteindre un peuplement de 73.000 plants/ha. Les pluies se sont poursuivies jusqu’à la première décade de mai. Ceci a permis une disponibilité de l’eau pour les dernières zones d’arrachage. «Les travaux d’entretien ont été satisfaisants durant toute la campagne», ajoute Aît Hadouch. Les produits phytosanitaires et les engrais ont été mis à la disposition des agriculteurs avec une assistance technique, ajoute-t-il.

L’approvisionnement des sucreries en betteraves était assuré par un parc de 305 camions et 48 remorques. Le transport de la betterave mobilise en parallèle une main-d’oeuvre considérable. Cette seule activité a coûté à la Cosumar près de 31,14 millions de DH. L’entreprise a payé aux 22.000 agriculteurs du périmètre un montant net de 92 millions de DH. Les agriculteurs bénéficient d’autres faveurs. «Car l’élevage a lui aussi eu sa part du marché en quantité et en qualité», indique Aît Hadouch.

Après traitement, le feuillage des betteraves arrachées, les radicelles de la betterave lavée au cours du processus et les pellets produits (soit 6,2% du poids de la betterave) sont destinés pour l’alimentation du bétail. «Ces aliments sont revendus aux agriculteurs à des prix préférentiels», tiennent à préciser les responsables de la sucrerie.

Hausse de la production en perspective

LA région Doukkala est connue pour être productrice de betterave. La production, avec l’augmentation des superficies réservées à cette culture, passera de 1.100.000 tonnes en moyenne à plus de 1.450.000 tonnes. Ce qui portera la part de la province dans la production nationale betteravière à plus de 48% au lieu de 38% actuellement. Cette production permettra l’extension de la capacité de transformation de l’unité de Sidi Bennour et le réaménagement du site de Zemmamra.

Mohamed RAMDANI – L’économiste du 13-08-2004