Jorf Lasfar: L’ODEP forcé de «céder du terrain»

· C’est suite à une procédure d’expropriation des Domaines

· Le prix de cession, 13 DH/m2, est jugé insuffisant par l’Office

Le parc industriel de Jorf Lasfar aura le mérite de rassembler des unités dont la nature de l’activité dépasse le cadre d’un espace industriel classique. Le projet est en cours de réalisation pour s’étendre à terme sur 500 hectares. La direction des domaines de l’Etat poursuit les opérations d’expropriation entamées depuis l’année 2001. Ces opérations ne se sont pas effectuées sans quelques réticences de la part des propriétaires et à leur tête l’ODEP. Cette dernière est en effet concernée car possédant actuellement 76 hectares sur la zone délimitée pour abriter le parc industriel. L’ODEP possédait jusqu’à l’année 2000 un peu plus de 108 hectares prévus initialement pour des extensions du port. Mais entre-temps l’Office a dû céder 29 hectares à la Sonasid qui s’est implantée à Jorf Lasfar. Les espaces de l’entreprise métallurgique sont d’ailleurs situés à l’intérieur même des terrains prévus initialement pour l’extension de l’Odep. Le tribunal administratif de Casablanca vient de donner par ordonnance à référer l’autorisation d’expropriation des 76 hectares appartenant à l’ODEP. Un deuxième jugement est aussi attendu pour transférer définitivement ces terrains au profit de l’Etat. L’Odep ne s’oppose pas à cette décision, mais souhaiterait la révision des prix de cession. La cause de la mésentente entre l’Office et les Domaines tourne autour du prix proposé qui est de 13 DH le m2 pour le terrain nu. Un prix jugé insuffisant. Ces derniers mois, Driss El Khazzani, gouverneur d’El Jadida, a réuni les parties pour les inciter à s’entendre et activer l’acquisition des terrains. Pour constituer l’assiette foncière du parc industriel, les services des domaines auront acquis jusqu’à maintenant, à l’amiable ou après jugement, dans les 440 hectares. Les opérations n’ont pas été véritablement aisées avec des tergiversations des propriétaires, a souligné un responsable des domaines. Les propriétaires conscients malgré tout de l’importance du projet espéraient plus de valeur ajoutée pour céder leurs terrains. Après expropriation via le tribunal, les indemnités sont déposées à l’intention des propriétaires dans les caisses de la CDG.
Les travaux des aménagements et des équipements du parc industriel pourraient déjà donc débuter, avancent les initiateurs du projet. Un protocole d’accord est en cours de signature entre la CDG et le ministère de l’Industrie, du Commerce et de la mise à niveau et ses partenaires qui sont le ministère de l’Intérieur, le ministère des Finances et le ministère de l’Equipement. La CDG est chargée d’assurer l’aménagement, la promotion, la commercialisation et par la suite la gestion du site, indique Abdelouahed Rahmoun, délégué de l’industrie et du commerce d’El Jadida. C’est le groupement CID Maroc Développement qui s’occupe actuellement des études.
Selon les premières estimations, l’Etat aura pour charge des aménagements hors site (voirie, électrification, raccordement à l’eau potable, téléphone, accès…) qui nécessiteront dans les 272 millions de dirhams. Alors que les aménagements in site coûteront dans les 682 millions de dirhams.

Superficie des lots

Le parc industriel de Jorf Lasfar est prévu pour comprendre des lots de 3 ha pour des industries de première catégorie. Il y aura également des lots de 1000 à 5000 m2 pour des PME/PMI.
Des zones high-tech et services en plus des hôtels d’entreprises y sont également prévus. Figurent également sur la liste des zones commerciales, un parc TIR, une station de service et ateliers mécaniques. Les promoteurs aménageront aussi un parc naturel qui fera office de poumon vert.
Une station d’épuration est également prévue par les études avec l’appui du Fonds Hassan II pour le développement économique et social.

Familles délogées

Les familles, une centaine, recensées dans le périmètre concerné par le parc industriel, seront relogées au centre de Moulay Abdellah. La commune procède à cet effet à des aménagements pour équiper le lotissement Massira. La commune aura à statuer pour arrêter le nombre exact des familles dont le nombre ne cesse, comme par enchantement, d’augmenter. Les lots seront cédés à des prix symboliques pour encourager les familles à déménager, explique un responsable de la commune. En attendant, les propriétaires continuent, même après avoir été payés, à occuper les terrains et les cultiver.

Mohamed RAMDANI – L’économiste du 27-08-2004