Eté Musical d’El Jadida: Hommage à Abdelaziz Tahiri

La 4ème édition de l’Eté Musical d’El Jadida aura lieu les 14, 15 et 16 août. A l’instar des précédentes, l’édition 2003 verra la participation de jeunes groupes représentant différentes tendances musicales et régions du Royaume.
Dans la chaleureuse ambiance de l’Eté jdidi, il faudra cette fois marquer une pause. Un moment où il sera question de méditer sur un homme, son oeuvre, sa vie, ce qu’il a apporté à la chanson et plus globalement à la scène artistique au Maroc.

L’artiste a contribué à la création en 1970 du célèbre groupe de Nass El Ghiwane, avant de joindre les non moins célèbres Jil Jilala en 1973 et de faire route à part à partir de 1986, année à laquelle il crée la Compagnie Tahiri pour les Arts populaires.
Vous auriez deviné de qui il s’agit. En effet, du grandissime Moulay Abdelaziz Tahiri. L’artiste « Bahja » qui, aux côtés de Boujmi, Larbi ou encore Mohamed Derham, a fait la grande histoire de la chanson populaire marocaine.
L’apport de cet artiste à la scène nationale peut-il nous faire oublier le calibre de cet Homme qui, à chaques retrouvailles, il répand autour de lui une odeur de félicité.
Dans ce qui suit, nous présentons le témoignage de l’un de ses anciens compagnons de route, le poète Ahmed Lemsayeh.

« Au moment où les héros des grandes veillées se retirent les uns après les autres, Moulay Abdelaziz Tahiri s’en va avec quelques-uns pour les emmener là où on n’en sort pas indemne, à la source où l’on cherche de l’eau mais où l’on devient aussi ivre, ivre d’amour et de passion.
La source s’appelle El Melhoun.
Moulay Abdelaziz Tahiri chante, et enchante, déclame et conte, et ne s’ennuie pas de parler de patrimoine, partant du Melhoun, et à l’instar d’un papillon, il tourne autour, puis y revient.
Pour Moulay Abdelaziz Tahiri, le Melhoun est la source nourricière.
Maintenant, est-il besoin de rappeler le parcours de cet artiste?
Né à Marrakech « Al Bahja » à la fin des années quarante, Moulay Abdelaziz Tahiri, dès son enfance, se met à l’épreuve de la scène, dans le cadre du théâtre scolaire, puis les colonies de vacances, avant de s’inscrire au Conservatoire national de Musique et de Danse, et participer à des stages de formation avec « Al Maâmora ».
Quand on médite sur les étapes les plus fortes du parcours artistique de Moulay Abdelaziz Tahiri, on constate que l’artiste n’a eu de cesse de voyager d’un genre à l’autre: Poésie, Musique et chant, interprétation (théâtre, télévision, cinéma, etc).
Moulay Abdelaziz Tahiri, de même qu’un papillon, se déplace entre les champs de création, autant il suce de pollen pour le transformer en miel, autant il l’injecte aux arbres, qui fleurissent et donnent des fruits… Les créateurs, ainsi que les arbres, il y en a qui fleurissent et donnent des fruits, ou qui fleurissent mais ne donnent pas de fruits, ou qui donnent des fruits mais ne fleurissent pas, ou qui ne fleurissent ni ne donnent de fruits… Moulay Abdelaziz Tahiri s’inscrit dans la première catégorie, parce que ses racines trempent dans une terre authentique, qu’il a respiré l’air de son patrimoine, par amour pour son identité riche de ses constituants harmonieux, il représente le modèle d’une génération qui, grâce à son talent, à son labeur et rentabilité, a arraché sa reconnaissance, imposant à une « élite retranchée derrière son silence » d’écouter une voix profonde surgie de la marge…
Un salut amical à l’artiste créateur Moulay Abdelaziz Tahiri qui, avec les regrettés Larbi Batma et Boujmi, et plus encore l’artiste patenté Mohamed Derham, constitue cette exception qui est devenue la règle, rendant de larges couches de la société fières de leur appartenance au « peuple ».
A ne pas oublier de rendre hommage aux talents multiples et variés de Moulay Abdelaziz Tahiri, à la fois parolier, compositeur, chanteur et… homme de théâtre. »

MH – Libération