Mohamed Saïd AFIFI avait un profond respect pour l’être humain et pour l’ART, il détestait la médiocrité et disait : « L’ART est éternel et la vie est courte »
II a suivi une formation de 1951 à 1956 au sein de la troupe Mâamoura, il effectua des stages à Paris :
– De Mime (il a été le premier mime marocain à présenter en 1964 un show de pantomime à CUBA).
– De marionnettes,
– De théâtre à Paris et a suivi une formation au Théâtre National OLD VICK à Londres.
En 1957 il joue avec succès HAMLET à Alger et Carthage
Mohamed Saïd AFIFI a été honoré le 17 Mars 2009 au Théâtre National Mohamed V à l’occasion de « La Journée internationale du Théâtre », au cours de cette cérémonie II a dit cette phrase qui reflète son amour pour le théâtre : « Le théâtre est une lecture profonde de la pensée, il est à la base du rêve, c’est une foi, aucune religion ne peut exister si elle n’habite pas l’âme de l’Homme ».
À l’ouverture de cette journée il a été dit : « Un pays sans passé n’a pas d’avenir »
Mohamed Saïd AFIFI a immédiatement répondu : « NOTRE PAYS PEUT ETRE FIER DE SON PASSE ET DE SON HISTOIRE ». Il a donc parlé de la naissance du théâtre au Maroc et a dit : « La troupe appelée à l’époque « Théâtre Marocain » pour devenir par la suite la troupe de la Mâamoura qui a été le premier mouvement culturel du Maroc à fêter la PAIX et (‘INDEPENDANCE de notre pays dans la cour des grands à Paris en 1956 au « Théâtre des Nations « et à Bruxelles à l’Exposition Universelle.
Les pièces jouées en arabe dialectale : Les fourberies de Scapin, le malade imaginaire, les balayeurs (pièce d’atelier d’auteur) et Hamlet en arabe classique ont fait un tabac et chose rarissime (UNANIMITE de la presse parisienne y compris le critique redouté de l’époque Jean Jacques GAUTIER du journal « LE MONDE » qui consacra en première page un article élogieux sur le théâtre marocain,
Le magazine « Paris Match »qui s’appelait à l’époque« LE MATCH de PARIS » écrivait en Juin 1956 : « Molière en babouches fait naître à Paris le théâtre marocain ».
– Il a adoré le théâtre au point de vouloir transmettre cet art et pendant 24 ans, il a été professeur d’Art dramatique aux Conservatoires à Rabat et à Casablanca, et professeur vacataire à l’ISADAC et à la Faculté des lettres et Sciences Humaines à Ben Msi’k.
Directeur du théâtre d’EI Jadida (de 1969 à 1974) il a marqué de son empreinte ce théâtre avec entre autre la pièce : MADRASSAT EL MOUCHARIBINE qui remporta la médaille d’or à Alger en 1972.
– En 1975, il créé un centre d’art dramatique au sein des « Charbonnages du Nord » à JERRADA avec la troupe composée d’enfants de mineurs II met en scène « Les fourberies de Scapin » et effectue une tournée dans le monde rural et dans la zone saharienne en faveur des militaires.
Homme de défi et mu par un génie créateur, il se livra à une expérience unique en Janvier 1987. Il monte la pièce « TAMANE HOURIYA » (adaptation de MONTSERRAT) avec ses élèves du conservatoire de Casablanca, des non professionnels et parmi eux plus de la moitié de comédiens sont non voyants. Malheureusement peu de représentations ont été autorisées. L’impact international que cette innovation aurait pu avoir n’a pas été perçu à sa juste valeur. Une première au Maroc et dans le monde me semble- t- il à faire monter sur scène des non voyants,
En Mars 1990, II met en scène la pièce « ELIXIR EL HAYAT « d’après l’œuvre du Dr Aziz LAHBABI, mise en scène particulièrement remarquée et appréciée par la critique.
Il fut parmi les très rares tragédiens du monde arabe à interpréter des pièces de William SHAKESPEARE.
-Sa fascination pour cet auteur ne se démentit pas et ce jusqu’à la fin de sa vie, il travaillait sur un projet qui le tenait à cœur, il avait choisi 4 pièces à thèmes différents : L’amour, la trahison, la jalousie et voulait monter un spectacle de 2H.
– Il s’engagea très tôt pour le cinéma en 1963, il eu le 1er rôle dans le film « Les Enfants du Soleil « et travailla aussi bien avec des productions nationales qu’internationales
– II était multidisciplinaire : Comédien, poète, mime, dessinateur, chercheur, chanteur et musicien.
– il fut aussi Contrebassiste, et a participé avec cet instrument :
– au festival de la musique arabe à Washington en 1997,
– à Fez aux musiques sacrées,
– à la soirée de solidarité pour l’enfance à DAKHLA en 2002
– à l’orchestre de M. Salah Morsli CHERKAOUI.
Mohamed Saïd AFIFI a été arrêté à deux reprises en 1954 du temps du protectorat et a fait de la prison comme tant d’autres, il était certes un nationaliste convaincu parce que fier de sa culture arabe, mais aussi un humaniste à visées universalistes.
Bon vivant, spirituel, affable, généreux, d’une sensibilité rare, (qualités que lui reconnaissent ceux qui l’ont fréquenté) il aimait la vie et a vécu comme il l’entendait LIBRE, souvent meurtri au cours de sa carrière mais jamais aigri.
II a beaucoup donné de sa personne, de son argent pour réaliser ce qu’il voulait. Toutefois: II a vécu en gentleman tout au long de sa vie, certes sans beaucoup d’argent, mais tellement riche non seulement sur le plan humain, artistique, théâtrale, mais aussi sur le plan éthique, ce qui lui a permis d’être en harmonie avec lui-même.
– Mariée depuis 1964, admirative pour l’homme qui avait des qualités humaines exceptionnels, qui aimait tant son métier qui je peux dire passait au dessus de tout, que je l’ai épaulé autant que j’ai pu dans les moments difficiles, toujours fière de lui, et soutenu jusqu’à son grand départ la main dans la main.
À la fin de sa vie il fut pour moi un exemple de courage, peu de gens savaient qu’il était malade, il ne se plaignait jamais, se tenait droit et fier il m’a même caché sa souffrance pour ne pas me perturber.
Ses amis disent que dans « EL KADIA » du réalisateur Noureddine LAKHMARI, il a su dire cette réplique avec éloquence : « Bye Bye, moi je sais bien dire Bye Bye ». Et c’est comme ça qu’il a quitté ce monde.