Les résultats de l’enquête nationale sur la mendicité ont été présentés, à Casablanca, en présence de Abderrahim Harouchi, ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité.
Evoquant la motivation première de cette étude faite à l’initiative de son département, le ministre a indiqué qu’il s’agissait de recueillir les données démographiques, sociodémographiques et socio-économiques sur les modes de vie des mendiants, sur les principales causes de mendicité ainsi que sur les facteurs directs et indirects à l’origine de son ampleur.
Et d’ajouter que cette étude sur 3.400 mendiants, présente la spécificité d’une enquête sur une réalité sociale banale à priori mais complexe, concernant des populations relativement minoritaires, vulnérables de par leur nature sociale et qui sont de surcroît mobiles.
Relevant la pertinence de l’enquête, il a fait remarquer que les études menées dans le passé sur le sujet sont plutôt des réflexions théoriques qui, certes, ont le mérite de poser le problème de la mendicité mais se référent, cependant, à des évaluations sans fondement statistique méthodique dont l’utilisation peut même être d’une conséquence préjudiciable.
Présentant les résultats de l’enquête, Ahmed Lamrini, secrétaire général au ministère du développement social, de la famille et de la solidarité a indiqué que les femmes représentent 51,1% des mendiants au Maroc et les hommes 48,9% d’entre eux.
Abordant la répartition géographique des mendiants, il a précisé que la région Rabat-Salé-Zemmour-Zaërs se place au premier rang avec un pourcentage de 21,8 %, suivie de la région du Grand Casablanca (17,8%) alors que la région de Chaouia-Ouardigha-Abda Doukala enregistre le taux le plus faible avec 6, 8%.
Concernant la répartition par âge, les mendiants âgés de 40 à 59 ans représentent 34,6% alors que les jeunes âgés de 18 ans et moins représentent seulement 11,5.
Les mendiants mariés viennent en tête du tableau (35,2%) ce qui, explique-t-on de même source, signifie que le recours à la mendicité est motivé par la nécessité de subvenir aux besoins de la famille.
L’enquête révèle aussi que 66,7% des personnes qui font la manche sont analphabètes.
Le nombre de mendiants ayant un niveau d’instruction du 1er cycle fondamental est prépondérant avec 20,1%, suivis de ceux qui ont un niveau coranique (6,6%) et seulement 0,4% ont un niveau d’enseignement supérieur.
Les mendiants ayant déjà exercé un emploi sont estimés à 69,9% parmi lesquels figurent même d’anciens fonctionnaires (1,4%).
Parmi ces mendiants, 58% ont déclaré être réduits à la mendicité depuis plus de 5 ans tandis que 13, 9% se sont présentés comme étant des débutants.
En ce qui concerne le mode d’exercice de la mendicité, la grande majorité (93,7%) préfère faire la manche en solitaire, selon la même source qui révèle que la pauvreté est citée comme la raison principale motivant la décision de ces personnes de mendier (51,8%), suivie par l’handicap (12,7%), la maladie (10,8%) et le manque d’opportunités d’emploi (9,3%). Et à ce propos, 42% des mendiants déclarent avoir l’intention de ne plus mendier s’ils parviennent à décrocher un boulot.
S’agissant de la stratégie de lutte contre la mendicité à Casablanca, Zine Elabidine El Azhar, directeur des affaires économiques et sociales à la wilaya du Grand Casablanca a plaidé pour une approche globale intégrée avec en priorité une prise en charge institutionnelle, une insertion familiale et socio-économique, une application de la loi surtout contre les récidivistes et ceux qui exploitent les enfants ainsi que la sensibilisation de la population et aussi une communication ciblant les mendiants.
A propos du bilan de la campagne de lutte contre la mendicité lancée à Casablanca en mars dernier, il a indiqué que 440 mendiants ont été placés dans le centre social de Tit Melil dont 195 hommes, 209 femmes et 36 enfants. En outre, 361 des mendiants appréhendés à Casablanca ont été réinsérés dans leurs familles alors que 34 ont été placés à l’extérieur de la structure familiale.
Fait révélateur de la prospérité de certains mendiants professionnels, la saisie, selon lui, d’une somme de 942.496 dirhams appartenant à certains d’entre eux dont un qui a pu amasser la coquette somme de 300.000 dirhams. Il a tenu à faire savoir que ce programme de lutte contre la mendicité sera étendu à toutes les régions du Royaume.
MAP – 29-09-2007