Entretien avec M. AZHARI Fouad, délégué du Ministère des Pêches Maritimes à El Jadida
Avec une production de l’ordre de 3700 tonnes (2003), le secteur de la pêche dans la province d’El Jadida est encore loin de répondre aux aspirations locales et ce, malgré l’étendue du littoral et la diversité des espaces constituant son stock en plus de la disponibilité de la main-d’oeuvre. Pour nous rapprocher encore plus de ce secteur qui pourrait représenter un véritable levier de l’économie locale, nous avons rencontré M. AZHARI Fouad qui a bien voulu répondre à nos questions:
Libé : Quelle est la situation actuelle du secteur de la pêche dans la province d’El Jadida ?
AZHARY Fouad : Les performances de la pêche au niveau national ont affiché, en 2003, une légère régression en enregistrant une production de 914.000 tonnes en volume et 4,7 milliards de dirhams en valeur, soit une diminution de 4,8% et 2,1% respectivement en comparaison avec l’année 2002.
Les exportations ont été de l’ordre de 291.000 tonnes pour une valeur de 8,8 milliards de dirhams au terme des premiers onze mois de l’année 2003.
La flotte nationale est composée de 2470 unités pour la pêche côtière, 447 unités pour la pêche hauturière et 17.000 unités de pêche artisanale employant ainsi 114.000 marins (emplois directs).
Pour la circonscription maritime d’El Jadida, qui s’étend sur un littoral de 150 km, la production des produits de mer a été durant l’année 2003 de l’ordre de 3700 tonnes pour une valeur de 26 millions de dirhams enregistrant une augmentation de 6% en poids en comparaison avec l’année 2002.
Quant à la flotte immatriculée à El Jadida, elle est de 84 unités pour la pêche côtière et 1400 unités pour la pêche artisanale avec un effectif de marins actifs d’environ 5400 personnes.
Faute d’infrastructures portuaires adéquates, la pêche artisanale représente l’activité principale et est pratiquée à partir de 14 sites de pêche éparpillés tout au long du littoral.
L’activité aquacole et d’industrie de pêche est assurée par 22 établissements spécialisés dans la conserve, la congélation, le conditionnement, le séchage et la conchyliculture.
Quelles sont les stratégies adoptées pour permettre un meilleur développement du secteur de la pêche ?
Les trois dernières années se sont caractérisées par la poursuite de la réalisation de plusieurs projets et actions identifiés dans le cadre de la stratégie de développement du secteur autour des trois axes suivants :
- La préservation des ressources halieutiques et leur exploitation selon les principes du développement durable;
- La promotion sociale avec un aménagement du littoral bénéfique pour la pêche côtière et artisanale;
- Une action concertée de mise à niveau du système pêche maritime (à travers toute la filière).
Aussi, l’effort a été axé notamment sur le renforcement des activités de recherche et de surveillance au niveau des zones maritimes sensibles, l’aménagement des pêcheries, l’amélioration des conditions de travail de la flotte, le renforcement du réseau de commercialisation, la poursuite de la réforme du dispositif législatif et réglementaire du secteur pour l’adapter à l’environnement juridique international et la poursuite d’une coopération utile.
au niveau régional, et dans le cadre de la promotion socio-professionnelle, les actions suivantes seront entreprises dans le proche avenir : - Construction d’une antenne médicale au profit des marins pêcheurs
- Construction d’un espace de formation
- Construction d’un point de débarquement aménagé (PDA) à Lahdida, commune de Chtouka, dont les travaux seront lancés incessamment.
- Construction d’un village de pêcheur à Oualidia en fin 2005
L’espace maritime de la province d’El Jadida est qualifié de riche mais peu productif, quels sont les raisons de cet anachronisme ?
Le développement du secteur de la pêche maritime dans la province d’El Jadida est malheureusement en deça des attentes et aspirations de la population locale, la diversité des espèces constituant le stock halieutique et la disponibilité de la main d’oeuvre.
En effet, plusieurs contraintes entravent le développement du secteur dont principalement :
- L’insuffisance des infrastructures portuaires adéquates, ce qui a favorisé la concurrence des ports de Casablanca et Safi
- L’absence d’un chantier navale concurrentiel
- La multiplicité des sites de pêche, ce qui entrave le contrôle de l’activité de pêche et l’encadrement des gens de mer.
Ahmed CHAHID – Libération du 30-04-2004