L’instinct de la mort n’a pas de place à El Jadida

Sit-in des forces démocratiques et modernistes à El Jadida, face à la barbarie terroriste

Une semaine après le drame de Casablanca, El Jadida n’a pas encore trouvé la force de panser la profonde blessure occasionnée par la disparition de l’un de ses fils, bien-aimé Abdelkrim Moundib. Tous les mots ne peuvent exprimer ce que ressentent la famille, amis et proches du défunt qui se sont mobilisés massivement dans la place Mohamed V d’El Jadida, dans une gigantesque manifestation organisée par les forces démocratiques et modernistes de la ville.
Les voix étaient unanimes émanant des profondeurs de tout un chacun : « Non à la haine » « Non au terrorisme », « Les forces rétrogrades qui cherchent à saper notre projet sociétal n’ont aucune place dans notre ville et dans nôtre pays ».
Partis politiques, démocratiques et modernistes, associations locales et nombre de citoyens représentant toutes les couches de la ville se sont mobilisés durant plus de deux heures devant le théâtre municipal d’El Jadida, pour que soient inculpés à tout jamais dans nos mémoires, les instants dramatiques ayant endeuillé tout le pays.
Plus jamais ça, peut-on lire sur la pancarte de cet enfant de 12 ans qui incarne le Maroc de demain. l’instinct de la mort et de la barbarie n’a pas de place chez nous, El Jadida l’a crié haut et fort sous les lueurs réconfortants de dizaines de bougies, allumées à la mémoire du défunt jdidi qui ne cachait pas ses convictions et son combat perpétuel contre toutes les formes de cet obscurantisme rétrgrade.
A l’instar des autres villes du pays, El Jadida est aujourd’hui plus que jamais engagée dans une nouvelle forme de militantisme pour couper court à toutes les tendances déstabilisatrices qui cherchent à profiter de nos acquis démocratiques afin de semer impunément leurs grains d’une haine aveugle et d’un racisme banni dans notre société.
C’est sous le symbole « Allah Akbar » que Khatiba Moundib a puisé toutes ses forces en prononçant un discours très émouvant à la mémoire de son frère, bien-aimé Abdelkrim et des autres victimes de ce carnage barbare qui fera date dans la mémoire collective marocaine. Que soient maudits à jamais, tous ceux qui ont volé à deux enfants Abir et Houyame, leur joie de vivre au sein d’une famille pacifique et unique.
Du haut de toutes les pancartes qui portent son image ou de ces tee-shirts frapés de son visage souriant, Abdelkrim semblait partager notre révolte contre cete « idéologie de crasse » comme il aimait bien la nommer.
Au nom du comité d’organisation pour la lutte contre le terrorisme, Abdellah Ben Abbass a prononcé un long discours qui dénonce dans tous ses détours le terrorisme, la haine, la barbarie. Une lecture de la fatiha a été lue à la mémoire de toutes les victimes.

Ahmed Chahid – Libération du 26 mai 2003

Réaction de Khaled El Hariry : député USFP d’El Jadida

On est là, aujourd’hui à El Jadida pour manifester le rejet catégorique du terrorisme.
Comme partout au Maroc, il y a aujourd’hui à El Jadida des familles entières, des jeunes, des femmes, des étudiants et commerçants, issus de toutes les couches de la population qui se sont mobilisés pour dire un simple message : Non au terrorisme.
Maintenant je crois qu’une fois qu’on aura passé cette première phase de rejet et de refus, il va falloir réellement se pencher sur les problèmes de tout ce qui est intolérance, de tout ce qui est intégrisme dans notre pays et qui conduit à des situations pareilles.
La marche de dimanche à Casablanca aura montré l’unité du peuple marocain pour rejeter ces actes et à partir de là, il faut travailler en profondeur, un travail de longue haleine pour remettre notre pays sur les chemins de la tolérance, sur un chemin où il est permis à chacun de s’exprimer en dehors de toute coercition.