L’effet « MAZAGAN »

Cette fois, c’est bel et bien parti. Les travaux du premier noyau de la station balnéaire, MAZAGAN, viennent d’être lancés, sous la présidence du premier ministre Driss Jettou. Un méga-projet qui a tenu en haleine toute la Province d’El Jadida, depuis que le site de Haouzia a été sélectionné pour abriter l’une des plus importantes stations balnéaires, entrant dans le cadre du plan Azur et de la vision touristique 2010.
S’il y avait un rêve auquel El Jadida s’est accrochée depuis le début des années 80, sans jamais verser dans le défaitisme, s’est bien le fait de mûrir sous l’auréole du deuxième pôle économique du pays . Un titre qui ne pouvait avoir toute sa grandeurs sans que soient prises en considération les différentes composantes qui balisent les voies vers cet objectif, dont justement le tourisme dans sa version la plus avancée.

C’est à partir de ces éléments de base, qu’on peut comprendre cette atmosphère, encensée d’euphorie et d’optimisme, ayant soufflé sur tout El Jadida et au-delà, bien avant le lancement officiel des travaux de la station MAZAGAN. Un projet d’une envergure internationale et dont l’impact, qui est d’ores et déjà pressenti comme étant des plus positifs, marquera un tournant décisif dans le développement socio-économique de la capitale du Doukkala.
Il faut dire que la ville d’El Jadida s’est longuement et sûrement préparée pour être à la hauteur d’un tel événement, tout en évitant d’être bousculée par les impératifs du temps. Certes, nombre d’engrenages ne sont pas encore bien rodés comme il le faut pour accompagner ce projet, mais, toujours est-il que du côté des pouvoirs de décision, on estime que l’essentiel a été déjà mis en place, pour ne citer que l’ouverture de l’autoroute Casa-El Jadida, le dédoublement de le voix ferrée, le classement de la cité portugaise en tant que patrimoine de l’humanité, la réhabilitation du centre de la ville et sa corniche, ou encore les démarches et actions entreprises en matière d’environnement, avec la délocalisation de l’ancienne décharge publique et l’investissement colossal destiné à la réhabilitation intégrale des réseaux d’assainissement.

Le pas décisif est enfin franchi au grand soulagement de tous ceux qui ont opté pour cette destination comme créneau de leurs activités. Reste donc aux décideurs locaux à développer leurs réflexes afin de suivre le cours de cet événement de grande importance et qui aura à déterminer, non seulement l’avenir d’El Jadida mais aussi et surtout celui de ville d’Azemmour.
Pour tous ceux qui connaissent l’histoire mouvementée d’Azemmour, cette ville qui n’a jamais cessé d’être ballottée entre les crêtes et les creux de la vague, depuis ses lointaines origines, le projet MAZAGAN, représente indéniablement, une véritable bouée de sauvetage, en mesure de sa favoriser la renaissance de ce phénix.
Il faut dire que cette médina, qui compte parmi les plus anciens centres urbains du pays, pour ne pas dire le premier, aspirait fortement à une telle bouffée d’oxygène, pour se revitaliser, consolider ses positions et renouer avec ses temps de prospérité lointaine.
L’histoire reprend souvent ses droits, et celle d’Azemmour ne peut échapper à cette règle. Son destin qui s’inscrit sous de bons auspices, devient intimement lié à ce projet, dont la proximité est toute à l’avantage de cette cité qui a supporté stoïquement tous les complexes de l’oubli et de la marginalisation.
Aujourd’hui les prémisses d’une émergence imminentes se font de plus en plus sentir, à différents niveaux des composantes de cette ville, qui peut fort bien constituer le prolongement naturel de cette destination touristique de choix.
De par sa situation géographique et sa forte charge historique, Azemmour dispose de tous les charmes pour séduire. Sa vieille médina éternellement suspendue sur les hauteurs de l’Oued Oum R’bie, porte encore en elle-même l’empreinte de toutes ces civilisations lointaines qui l’ont tour à tour courtisée ou répudiée, au gré des humeurs de l époque et des soifs de la gloire.
L’autre atout dont dispose encore Azemmour, c’est qu’elle a su conserver intacte toute sa vocation et ses caractéristiques de ville typiquement Marocaine. En se repliant sur elle-même durant de longues décennies, la ville n’a pas trop maculé son cachet local ni encore moins cette spécificité Marocaine qu’on retrouve rarement ailleurs.
C’est dire qu’une certaine symbiose se dessine nettement à l’horizon de ce projet, dont les promoteurs ont tout à gagner en intégrant Azemmour dans leur stratégie d’accompagnement, de même que l’effet d’entraînement que ne manquera pas de déclencher la station, ne pourrait être que salutaire du vieil Azama qui ne rêvait nullement d’ un tel revirement de son histoire.
Sur un autre plan, il est difficile d’imaginer un tel projet, tout en limitant son impact sur les seules grandes villes limitrophes. L’onde de choc est beaucoup plus vaste pour stimuler certaines contrées du fin fond du Doukkala, et dont le potentiel touristique encore à l’état de friche, n’attend que ce genre d’opportunité pour être opérationnel.
Le signal est fort aujourd’hui, et l’effet MAZAGAN a déjà insufflé un esprit d’initiatives en matière de développement du tourisme rural ; d’où l’émergence des premiers canevas de circuits dits de charme, de gîtes de compagne ou encore d’agences spécialisées dans la promotion de tels produits.
Et c’est dans ce cadre là que s’inscrit le premier circuit rural dont les étapes sont déjà balisées, et qui intègre une escale dans les Tazotas, un spectacle chez les fauconniers Lekouassems et une visite guidée dans le Souk de Moghress.
D’autres actions de prospection sont en cours pour installer les plates formes aptes pour de ce genre de randonnées, que ce soit au niveau de la Kasbah de Boulaouane ou encore du côté du complexe lagunaire Oualidia-Sidi moussa-El arabia.

Ahmed CHAHID
m.ahmedchahid@yahoo.fr