Fabienne Kanor a été l’invitée d’honneur du CAFE LITTERAIRE organisé le 22 Mars par l’Alliance Franco-Marocaine et le Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur l’Interculturel, en collaboration avec le Café-Restaurant ALI BABA.
« Je n’ai jamais été aussi heureuse, aussi bien dans ma peau, avant de fouler le sol de cette charmante ville d’El Jadida…c’est certainement à cause de cet air d’Afrique qui me manquait tant ». C’est par ces termes que Fabienne Kanor, a su se libérer de sa solitude interne face à un parterre de jeunes, avides de déchiffrer les secrets intimes de la jeune Martiniquaise qui a forgé le mot en phrase et les phrases en chapitres pour tailler l’identité métisse.
Tel un jet de lave en fusion, ses paroles ne voulaient pas se tarir, elles se bousculaient comme si elles avaient peur de rester enfermées dans les profondeurs de l’oubli. Fabienne ne cessait de parler pour faire du silence. Un silence où s’égrènent comme les murmures d’un confessionnal, l’aventure migratoire de ses parents, le dépaysement de Français en terre de France, la soif de vivre dans la dignité, la réclusion forcée de l’élève Fabienne, l’intégration au mode impératif, la perte des repères, le culte du mot et enfin cet éternel combat pour remonter les courants à force de conviction et des causes justes.
Pour Fabienne, ronger son frein, nourrir sa douleur ne riment à rien. Seul compte l’échange, la parole circulée, sublimée, jaillie.
Originaire de la Martinique, Fabienne Kanor entreprend des études supérieures en littérature comparée et en sémiologie. Elle s’aventure dans le journalisme et devient successivement reporter pour Radio France International, pour Canal France International, journaliste à Radio Nova et à France 3. Fabienne Kanor se lance parallèlement dans l’écriture, ainsi que dans la réalisation de courts métrages et de documentaires. Elle publie en 2004 ‘D’ eaux douces’, qui obtient le prix littéraire Fetkann. Fabienne Kanor est lauréate en 2007 du prix RFO pour son second roman, ‘Humus’, relatant le destin de femmes destinées à l’esclavage.
Chahid Ahmed