Mon histoire avec « Elle et Lui »

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A part la revue « Lamalif » qui paraissait depuis 1966, un autre magazine marocain francophone verra le jour dans les années soixante-dix à Casablanca sous le titre « Elle et lui ». En cette année 1971, j’étais jeune lycéen parti d’El Jadida à Casablanca pour préparer le baccalauréat au lycée Imam Malik où j’étais interne. Avec mes autres amis, lors de nos sorties de l’internat, nous traversions, à pied, le Belvédère et l’avenue Mohammed V avant d’arriver sur la place des Nations Unies entourée de grands immeubles. Là, à notre droite, nous regardions accolés en haut de la façade de l’imposant immeuble de la BMCI, le sigle « Elle et lui ». D’une belle écriture en relief, de couleur verte, le nom se détachait sur la façade et était visible de loin. C’était là au numéro 5, le siège de ce magazine du foyer. Nous avions acheté au kiosque un numéro que nous avions lu ensemble. Ce spécimen, je l’avais conservé pendant plusieurs années avant qu’un jour, en faisant le triage dans mon bureau, j’ai décidé de me débarrasser de cette trace du passé.

De retour au lycée, ce jour-là, j’ai eu l’idée d’écrire à la directrice de la publication pour insérer mon nom dans la rubrique « Demande de correspondance ». Effectivement je reçus une réponse m’invitant de régler, d’abord, par mandat ou par chèque, un abonnement annuel de 10 dirhams (1 euro) si je voulais lire mon nom sur les pages du magazine. J’avais 18 ans, je n’avais pas de chéquier évidement, et malgré la modicité de la somme, je ne la possédais pas à l’époque. C’était comme si le magazine m’avait demandé mille dirhams.

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Si aujourd’hui j’ai perdu le spécimen du magazine, j’ai gardé, par contre, la lettre en date du 3 février 1971, que m’a adressé Tayeb Rhoul, le chef de la rédaction. Lettre qu’il avait signée au stylo vert soit de la même couleur que le titre du magazine.

De nos jours, les temps ont bien changé. Je ne crois pas qu’un directeur de magazine quelconque daigne répondre, par courrier référencé, à un jeune lecteur pour une simple petite demande de correspondance et encore moins de l’appeler « Monsieur ». J’étais bien fier de recevoir cette lettre à entête avec le mot « Monsieur » cité à trois reprises.

Par : Mustapha Jmahri

jmahrim@yahoo.fr