La culture de la vigne dans la région des Doukkala : le faible niveau de technicité des viticulteurs

La culture de la vigne dans la région des Doukkala occupe une place de choix dans le vignoble national. La superficie réservée à cette culture représente 37% de la superficie nationale et contribue à hauteur de 23% de la production de raisins. Ce vignoble est localisé essentiellement sur des terrains sablonneux, assez pauvres et non irrigués. Il est constitué d’un cépage local dénommé “ Doukkala ” très apprécié par les consommateurs marocains.

Le cépage “ Doukkali ” est classé parmi les variétés précoces du pays. Il est utilisé à double fins : raisin de table et de cuve : mais étant donné sa précocité, il est souvent vendu comme raisin de bouche à des prix plus rémunérateurs. Toutefois, le caractère spéculatif de certains négociants concourent à une réorganisation manifeste du secteur et un isolement des viticulteurs qui restent à la merci de ces intermédiaires. Anciennement installé dans la région et n’ayant subi d’améliorations notables sur le plan de la conduite technique, ce potentiel viticole ne cesse de régresser.

En effet, la superficie cultivée par la vigne est passée de 20.000 ha au début des années 60 à 13.844 ha actuellement. Les rendements réalisés restent de loin inférieurs aux potentiels du cépage.

Des études menées au niveau de la région ont relevé un certain nombre de contraintes qui entravent le développement de ce secteur, à savoir :
-l’âge avancé des cépages : les plantations âgées de plus de 35 ans occupent plus de 65% de la superficie totale réservée à la vigne ;
-l’absence d’un parc à bois authentique de la variété doukkali ;
-le faible niveau de technicité des viticulteurs dont la majorité sont âgés et réticents à l’adoption des conseils prodigués par les techniciens ;
-la conduite traditionnelle du cépage : faible densité des plantations, souches mal formées et mal taillées, la fertilisation et les traitements phytosanitaires sont aléatoires et mal appliqués, l’opération de greffage est inexistence…

Malgré les efforts déployés par l’ORMVAD et certains opérateurs privés pour l’amélioration du secteur, les résultats demeurent insuffisants. En effet, compte tenu de l’importance du cépage “ doukkali ” considéré comme patrimoine propre à la région et dans le but est de préserver ce secteur du risque de dégénérescence d’un patrimoine génétiquement très diversifié par l’amélioration des donnés locaux, ainsi que des techniques de production adéquats, l’ORMVAD a confié à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II la mission de réaliser une étude portant sur l’amélioration de la productivité du vignoble s’est articulée autour des axes suivants ;

-le rajeunissement et l’amélioration des performances du cépage
-la sélection des clones productifs à partir du patrimoine de la région dans le but de constituer un parc à bois authentique ;
-la réalisation des essais de démonstration sur les systèmes de conduite de la vigne;
-la formation des cadres et techniciens de l’ORMVAD, des agriculteurs et les fils d’agriculteurs.

Pour ce qui est du secteur irrigué, il occupe seulement 2% de la superficie totale réservée à la vigne dans la région, avec une nette prédominance de la vigne de cuve. Le profil variétal est très diversifié.
Les plants utilisés sont dans la majorité des cas des plants certifiés issus de pépinières agréés.

Ils sont constitués d’une gamme de variétés italiennes présentant des caractéristiques agronomiques et commerciales importantes.
Conscient de l’intérêt suscité par les agriculteurs pour l’extension progressive de la vigne en irrigué, l’ORMVAD a installé des essais d’adaptation variétales au niveau de la station expérimentale de Had Ouled Frej, ainsi que des essais de démonstration pour l’introduction de nouvelles variétés au niveau des exploitations ,notamment, au niveau du périmètre haut-service.

La majorité des plantations de vigne en irrigué sont conduites en palissage sous irrigation localisée.

En conclusion, la stratégie de l’ORMVAD en matière de développement de vignoble au niveau de la région des Doukkala tient compte de l’existence de deux secteurs viticoles distincts : un secteur bour en régression, qui nécessite une amélioration importante et un secteur irrigué plus performant qui nécessite davantage d’efforts de sensibilisation et d’encadrement pour son extension.

Mustapha LEKHIAR – Le Matin du 04-09-2004