Une frêle silhouette de femme et le fardeau d’une histoire intensément triste, profondément émouvante. Un léger voile d’une déception à peine perceptible sur un visage qui transpire l’espoir, mais derrière lequel on devine, on ressent cette lancinante flambée de douleur et de détresse refoulée.
Elle parait effarouchée par ce bain de foule, qui est venue l’acclamer, et dont les échos feutrés, peinent à transpercer l’épaisseur des colossales murailles de cette vieille salle de la cité portugaise d’El Jadida qui lui fait tous les honneurs.
Habiba Zougui qui donne l’impression d’évoluer discrètement dans une dimension peu habituelle à sa solitude, a peine à calmer ses émotions. Elle est à la fois docile et bouillonnante, sereine et lardée d’amertume, calme et impatiente. Compréhensible… dans quelques instants, elle aura à dessiner par les mots, les profondeurs de son âme.
Dans quelques instants, elle aura à affronter ces multiples faisceaux de regards, et la curiosité intellectuelle d’une coulée humaine de tous ages, venue pour l’écouter chanter les hymnes du courage et se délecter des saveurs d’une poésie, dont les sillons sont encensés d’une forte charge émotionnelle.
Habiba Zougui n’a hésité que le temps de cette fraction que s’accordent les grands avant de plonger. Sa voix a coulé insidieusement pour inonder toute l’atmosphère de la salle, et imprégner ses occupants jusqu’à l’éblouissement des sens.
Elle a chanté la douleur, elle a béni l’espoir, elle a interrogé la mer, sa mère, et elle a voulu aimer jusqu’à l’anéantissement.
A travers son recueil de poèmes « Cendres des années de silence », la poétesse nous fait découvrir les dédales obscurs d’une vie que le commun des mortels préfère garder jalousement intime. Une extériorisation volontaire des sens et de la pensée, des réminiscences des années tendres, le cri d’un cœur qui s’insurge et surtout l’extrême et ardente volonté d’une femme qui veut s’exprimer, et qui le dit en rimes.
Habiba Zougui qui est née à El Jadida le 15 Décembre 1968, a commencé par publier ses écrits à un très jeune âge, tout en militant activement dans les milieux associatifs. Titulaire d’une licence en langue et littérature Française, elle a toujours été habitée par la passion de l’écriture.
La présentation de son ouvrage poétique « Cendres des années de mutisme », a été organisée le Dimanche 6 Mai, à la cité portugaise avec le soutien de l’association « carrefour de la créativité et des cultures », et la Direction Régionale de la culture, en présence de l’écrivain Najeh Hassan.
Ahmed Chahid