Lahcen Zinoun inaugure Le théâtre « Saïd Afifi » d’El Jadida

Lahcen Zinoun relance le théâtre d’El Jadida, qui portera désormais le nom de regretté feu SaÏd Afifi. Sa nouvelle création qu’il qualifie comme étant l’amorce d’une œuvre, inspirée de l’Aïta et composée de personnalités authentiques du terroir, puise toute sa substance du patrimoine local. En le côtoyant de prés tout au long des répétitions, nous avons découvert en lui l’artiste fin et l’homme dans toute sa grandeur et sa simplicité.

Lahcen Zinoun vient de souffler sur les cendres qui recouvrent les braises dune culture qui fait partie de nous même et qu’on a tendance à oublier ou tout simplement à dévaloriser. Nous le remercions pour ce réveil de mémoire et nous lui accordons toute notre sympathie d’avoir bien voulu nous accorder cette interview malgré ses préoccupations. Ecoutons-le :

Chahid Ahmed : Pour commencer, est-ce-que vous pouvez nous donner votre impression vis à vie de la nouvelle réhabilitation du théâtre d’El Jadida qui compte parmi les rares et derniers survivants à l’échelle Nationale et dont l’inauguration de sa réouverture au public sera honorée par un spectacle de votre réalisation ?

Lahcen Zinoun : J’applaudi chaleureusement l’initiative de la restauration du théâtre d’El Jadida par le Gouverneur Mr Mouâad Jamaï. Je suis émerveillé par ce Monsieur de son amour pour l’art. Mon souhait est que le wali de Tanger sauve de la même façon le théâtre Cervantes qui agonise depuis des décennies. Je suis fier et honoré d’inaugurer ce phénix par cette ébauche inspirée de l’Aïta composée de personnalités authentiques du terroir. Ce phénix portera désormais le nom de feu Mohamed Saïd Afifi. Toute la famille des artistes se joint à moi pour vous remercier Monsieur le gouverneur d’avoir rendu hommage à notre grand artiste.

C.A : Quel titre pouvons nous attribuer à cet enchainement de beaux tableaux qui composent cette œuvre ?

L.Z : Comme je l’ai dit plus haut, cette ébauche est une amorce d’une œuvre, et bien entendu le titre pour l’instant est prématuré. Ce n’est qu’après l’accouchement de l’œuvre que l’on peut la nommer.

C.A : Au cours des répétitions auxquelles nous avons assisté, on voit bien que vous avez puisé dans les profondeurs du patrimoine local. Quelles sont les raisons qui vous ont amené à opter pour ce choix ? Est-ce-que cette nouvelle expérience que vous venez de vivre à El Jadida pourrait vous inspirer dans le futur ?

L.Z : La première des raisons est l’amour de mon pays. Que le patrimoine soit sauvegardé dans toutes les régions du Maroc. Je me rappelle à l’âge de 7 ans avoir assister à une soirée inoubliable avec Bouchaib El Bidaoui. Comme vous pouvez l’imaginer d’expérience en expérience un homme se cultive s’enrichi. Depuis le temps, le Marsaoui me préoccupe intensément, il me fascine, d’abord par sa noblesse, une marche majestueuse. J’attendais impatiemment ce jour ou j’affronterais enfin cette marche noble. Vous pouvez me croire, je prévois bien évidemment un travail spécial unique en son genre.

C.A : Ne pensez-vous pas que Zinoun s’est lancé un défi à risque en accordant sa confiance à des personnages qui n’ont jamais évolué sur les planches ?

L.Z : Vous allez être étonné si je vous dis que tout ces artistes avec qui j’entame cette création ne sont pas formatés, au contraire ils sont actifs et n’ont aucun préjugé. Je les trouve ouverts et restent pour moi fantastiques. Ils n’ont qu’une seule envie, celle d’être en présentation face à un public. Admirable ils sont à l’écoute, c’est ce qui m’a séduit depuis le début. Autre point fort qui m’a vraiment touché c’est l’encadrement de tout ce monde que je félicite de passage en l’occurrence Mr Driss Mrabet et Mr Abderrahman Aariss, des êtres merveilleux. Ils sont corps et âme dans le travail.

C.A : Je pense que c’est la première fois que vous côtoyer de prés l’univers de la fauconnerie…Quelle est votre impression envers ce patrimoine universel qui reste peu connu et moins exploité au niveau National ?

L.Z : S’il est une tradition aussi vieille que l’humanité, c’est bien la fauconnerie. Cet art très ancien, qui remonterait à l’antiquité selon les historiens, a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO le 16 novembre 2010. Je ne métrise pas cet art il m’échappe totalement, une chose est certaine, cela me rappelle notre patrimoine qui se meure. il m’arrive souvent de rêver voler comme un oiseau, c’est une sensation transcendante. J’imagine l’euphorie d’un fauconnier de voir évoluer dans l’espace son faucon, je dis bien son faucon car il le dresse le cajole et ne le quitte jamais de vue. J’ai constaté depuis cette expérience à El Jadida qu’une moitié des fauconniers sont âgés, je crois sincèrement qu’ils ne vivent que pour leurs faucons, n’est ce pas merveilleux ?

C.A : votre mot de la fin

L.Z : Merci à Monsieur le gouverneur de faire appel à ma personne pour cette tache honorable. Merci à Monsieur Elghazouani Homme généreux, d’aimer les faucons et d’être le cheikh des fauconniers, merci à tout les artistes femmes et hommes merci à Monsieur Driss Lamrabet et Monsieur Abderrahman Aâriss.