Curieusement, lors de la mémorable fête d’inauguration organisée par les responsables de la station Mazagan fin octobre, l’unique produit touristique local, ayant été au centre de mire de tous les invités, venus des quatre coins du monde, a été représenté par les faucons et leurs maîtres lekouassems . Un point d’honneur affecté à la seule initiative de l’association des fauconniers lekouassems d’ouled frej, et dont l’impact a été des plus salutaires pour sauver la face et atténuer cette amère impression qui a tendance à dénuder El Jadida de toute sa charge historique, culturelle artistique folklorique artisanale…
A contempler la mer. Serait-ce là, l’unique pouvoir de séduction touristique que la province d’El Jadida réserve à ses visiteurs étrangers, dont la côte est prévue à la hausse depuis le lancement de la première tranche du projet Mazagan ? Autrement dit, quelle est cette saveur locale alléchante, que les décideurs de la province d’El Jadida proposent comme offre, en mesure d’apprivoiser un touriste généralement aussi exigent que pointilleux sur les questions de la qualité et la diversité des produits qui doivent agrémenter son séjour ?
De quelles mesures d’accompagnement dispose aujourd’hui cette province, pour synchroniser ses notes avec les cadences nouvelles impulsées par la réalisation du projet Mazagan, qui compte parmi les grandes merveilles du pays ?
Autant d’interrogations récurrentes, qui interpellent tous les étages de décisions et qu’il serait difficile de passer sous silence, tant il en va de la crédibilité d’une destination ciblée, mais aussi des espoirs cultivés par la population locale, depuis l’annonce des premières esquisses de ce grand projet, qui entre dans le cadre du plan Azur.
Il faut souligner que les développeurs aménageurs de la station de haouzia, ont réussi à dépasser les caps difficiles, pour nous livrer dans les délais – et peut-être un peu plus tôt que prévu-, la première tranche d’un mégaprojet touristique, censé représenter un socle stable et fiable du développement touristique de toute la région, et ce malgré les conjonctures internationales assez compliquées surtout en matière d’avancées touristiques.
Dans ce même ordre de grandeur, l’heure est également au grand optimisme, comme cela a été signalé par les promoteurs de cette branche essentielle de la stratégie touristique Nationale, initiée depuis quelques années, dans l’objectif de rehausser le standing et l’attractivité de la destination Maroc.
Toujours est-t-il que quelle que soit l’importance et la spécificité qu’on puisse accorder à cette station balnéaire en puissance, force nous est de nous interroger sur les engagements des uns et des autres pour assurer la viabilité de cette oasis, plantée au sein de ce qu’on pourrait qualifier de « mer de désolation », où le visiteur n’a d’autres alternatives que de se délecter de l’ambiance interne du site et le cas échéant, contempler à satiété les vagues de l’atlantique qui viennent crever aux pieds de la station.
Pourtant les décideurs de la chose touristique à El Jadida comme ailleurs, avaient bien eu une bonne longueur d’avance leur permettant d’étudier les potentialités touristiques dont dispose la province et agir en conséquence, afin que cette destination soit à la hauteur de l’événement. Pour beaucoup d’observateur, on estime que le grand rendez-vous est lamentablement raté, et pour cause.
Au fait, où en est-on, en matière de promotion des produits du terroir, de l’infrastructure touristique de base, des circuits appropriés, des agences spécialisées, du balisage des lieux historiques à visiter, des brochures d’orientation et information, des guides et autres mesures d’accompagnement, pouvant donner un sens à ce futur pôle touristique du pays ?
On serait tenté de croire que la province d’El Jadida n’est nullement impressionnée par la grande et nouvelle dimension touristique dans laquelle elle s’est engagée depuis le lancement du projet Mazagan. Certes, on a beaucoup applaudi et surtout paraphrasé pour ce qui concerne les retombées que va générer cette manne dans le domaine de l’emploi des jeunes, mais serait-ce une fin en soi ?
Pour la petite histoire, disons enfin que la province d’El Jadida ne dispose pas uniquement du plus merveilleux collier de plages. Seulement, ses deux cités, à savoir Azemmour et El Jadida, qui comptent parmi les doyennes des villes Marocaines se débrouillent mal pour extérioriser leur charme. La cité Portugaise qui est classée patrimoine de l’humanité n’est toujours pas habilitée à s’imposer en tant que tel. Azemmour qui devrait représenter le prolongement logique de la station de Mazagan est toujours figée dans son statut de vieille médina avec toutes ses nuisances. L’arrière pays, qu’on prédestinait au tourisme rural, manque toujours de prospecteurs professionnels et d’une franche volonté locale. Toutes les tentatives insufflées par des initiatives à l’actif du tissu associatif et des bénévoles, restent limitées, même si elles ont ouvert les grandes voies du premier circuit potentiel dans la province.
Chahid Ahmed