· Un projet d’élevage industriel dérange le site
· Les habitants mobilisés, des pétitions signées
La population des communes rurales des communes Chtouka et Sidi Ali Benhamdouch est sur «le pied de guerre». En effet, ils sont quelque 30.000 habitants – agriculteurs et pêcheurs – à se mobiliser pour préserver la petite station balnéaire de Sidi Bounaïm d’un massacre écologique. L’installation d’un l’élevage industriel de dinde de 134 hectares sur l’unité 4001 des terrains de la Sodea leur cause de grosses angoisses. De fait, un promoteur vient de déposer une demande d’autorisation dans ce sens. 12 bâtiments, des abattoirs et des couvoirs sont prévus. «Une activité qui n’a rien d’agricole et qui est contraire au cahier des charges engagé avec le gouvernement», souligne un habitant.
Une pétition réunissant plus de 500 signataires est déjà prête et les adhésions se poursuivent. Une deuxième pétition de soutien comporte les paraphes des formations syndicales et politiques. L’objectif est de contrecarrer le projet, source de nombreux désagréments. Une expérience similaire menée dans la région de Had Soualem (province de Settat) est déjà à l’origine de nuisances environnementales. Et les usagers de la route nationale entre Casablanca et El Jadida en savent quelque chose avec les relents qui émanent du site.
Sidi Bounaîm relève de Chtouka, une commune dépourvue de ressources. Et des projets touristiques d’envergures pouvant drainer des revenus annuels sont espérés pour la station balnéaire encore vierge. «Les investisseurs potentiels vont fuir la zone à cause de l’usine de dindes», affirme un membre de la commune.
D’ailleurs, le projet avait été rejeté à l’unanimité lors de la session ordinaire du 25 avril dernier. Mais à la surprise générale, il a accepté à la majorité le 9 mai à l’issue d’une session extraordinaire. Il y a de quoi se poser des questions ! Des habitants, se sentant trahis, se sont regroupés devant la commune pour exprimer leur mécontentement. «Le changement des attitudes des membres conseillers est d’autant plus étonnant qu’ils connaissent bien l’impact de ces activités sur l’environnement», déclare un habitant. Et d’ajouter sur un ton alarmiste, qu’une école de 300 élèves aura à fermer ses portes. Et que les habitants n’auront d’autre alternative que celle de s’exiler vers les villes voisines pour «respirer un air plus sain».
Mohamed RAMDANI – L’économiste 14/06/2006