Lettre ouverte de Transparency Maroc aux dirigeants et acteurs politiques

L’ampleur et la banalisation de l’usage de l’argent pendant les élections ont installé les conditions d’un véritable marché de la fraude.
La corruption met en péril le fonctionnement de notre société et bloque la concurrence saine entre les candidats et les partis politiques autour de programmes et de projets de société. Cela ne saurait continuer, il faut libérer les élections de la corruption et en faire un enjeu pour le futur. Les élections doivent constituer un moment de vérité, un outil de crédibilité, un facteur de construction, un ferment pour l’avenir.
Il est crucial que ce rendez-vous national du mois de septembre trace définitivement une frontière entre les pratiques du passé et la construction de l’avenir ; une frontière entre des élections arrangées et des élections transparentes ; entre des mensonges à répétition et un moment de vérité : la vérité des urnes le Maroc de demain est à ce prix. Des dispositions législatives ont été prises à cet effet. Des mesures d’accompagnement et de suivi doivent voir le jour pour les consolider. Sans retard, les médias publics, l’Administration et la justice doivent prendre les mesures adéquates pour assurer la transparence des élections, la protection des droits électoraux des citoyens et la sanction des fraudeurs et des corrompus. La société civile doit maintenir sa vigilance et constituer un vecteur d’alerte, notamment à travers l’observation et la diffusion de l’information. Le nouveau mode de scrutin confère aux partis politiques une responsabilité particulière dans la sincérité des élections. Il les rend directement responsables du choix des candidats, du financement de la campagne et de son déroulement qui a lieu désormais en leur nom quasi – exclusivement. Aussi, il leur revient de garantir une compétition loyale en déclarant explicitement et publiquement leur attachement aux règles d’éthique et de transparence et leur volonté de se désolidariser de toute pratique déviante.
Pareil engagement les rend également comptables à l’égard du public des fonds réunis et dépensés durant la campagne et les oblige à rendre publics leurs comptes.
Les pouvoirs publics, les partis politiques, les associations et les citoyens ont des responsabilités distinctes mais connexes pour assurer l’authenticité des élections. Les défaillances des uns affecteront incontestablement les efforts des autres et le résultat final.