Les traditions équestres se nourrissent

La place qu’occupe le cheval dans la culture marocaine est intimement liée au patrimoine et à la civilisation arabo-islamique, le bel animal étant cité dans le Coran et dans de nombreux hadiths, a affirmé jeudi à El Jadida Mme Bahija Simou, professeur-chercheur.


Dans une conférence organisée dans le cadre de la première édition du Salon du cheval d’El Jadida sous le titre « Le cheval dans le patrimoine marocain », Mme Simou a rappelé les citations du Coran et de la Sunna à l’origine de la consécration de cet animal, notamment en sa qualité d’élément central de la première force de frappe des armées musulmanes que fut la cavalerie.

La chevalerie musulmane s’est forgée en se référant aux textes et traditions pour façonner ses valeurs d’équitation, d’arts militaire et d’entretien des montures et toute une culture qui s’est manifestée notamment à travers la poésie, a-t-elle précisé, rappelant les oeuvres de poètes marocains sur ce thème, encore conservées à la bibliothèque Royale. Mme Simou a relevé que la cavalerie a gagné en importance et en prestige avec l’apparition au Maroc des « Ribats », ces places fortes militaires et civiles, tels que « Ribat Massa » et « Ribat Al-Fath », qui sont à l’origine de l’appellation de la capitale actuelle du Royaume, comme elles ont inspiré le nom de la Dynastie des « Mourabitine ».

Elle a également rappelé la place qu’occupait le cheval dans les civilisations anciennes, comme le prouve sa figuration sur les mosaïques romaines et les sculptures d’antan.

Mme Simou a donné un historique succinct sur le prestige dont jouit le cheval sous l’ère islamique, ainsi qu’au Moyen Age avec l’apparition des stratégies et tactiques qui consistaient à opérer des raids suivis de retrait avec la célérité requise. C’est d’ailleurs grâce à la cavalerie que le Maroc avait gagné les batailles de l’Oued El-Makhazine et de Zellaga, a-t-elle précisé.

La conférencière a jeté la lumière sur l’intérêt tout particulier dont jouit le cheval auprès de la Dynastie Alaouite, qui lui a consacré toute une institution, les « Hannatine ».

L’engouement pour le cheval a fait de lui, sous la Dynastie Alaouite, un objet de civilité de haute valeur, comme en témoignent certains faits historiques, notamment le don de chevaux par Moulay Ismail au Roi de France Louis XIV et par Sidi Mohamed Ben Abdallah au roi de Suède Gustav III qui, en retour, avait fait don de canons au Sultan.

Elle a également cité le cas de don d’un cheval au Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef par le Général Charles de Gaules à la fin de la Deuxième guerre mondiale, en signe de reconnaissance de la contribution du Royaume à la victoire des alliés en 1945.

Le cheval a continué à bénéficié de la haute sollicitude de feu S.M. Mohammed V et de feu S.M. Hassan II, comme il demeure l’objet d’un intérêt particulier que lui accorde S.M. le Roi Mohammed VI, qui a bien voulu placer le Salon d’El-Jadida sous son Haut Patronage, a-t-elle conclu.

MAP – 24-10-2008