LES PLANCHES D’EL JADIDA POUR UNE GESTION PROFESSIONNELLE

Il aura fallu peu de moyens mais une bonne dose d’appel au cœur pour redonner vie à l’un des derniers temples de la culture et de la création émotionnelle d’El Jadida. Le presque centenaire théâtre de cette ville est aujourd’hui au centre des attentions les plus optimistes puisque sa réouverture au public est prévue pour Juillet prochain.

Toutefois et jusqu’à cette étape des plus attendue, on peut dire que l’essentiel a été fait et que la capitale de Doukkala comme on se plait à l’appeler même de nos jours, a pu encore une fois dépasser le complexe d’une cité qui perd de plus en plus les repères de son passé. La fraîche jouvence de ce patrimoine historique n’est plus à remettre en question et El Jadida peut s’enorgueillir d’avoir trouvé l’appui qu’il faut au moment où il le faut.

Seulement, il faut souligner aussi que le plus important reste toujours en instance de concrétisation, une attente d’autant plus cruciale qu’elle relève de la phase la plus délicate du projet, à savoir, la question de la gestion intelligente et responsable de ce vecteur d’émotion.

Et c’est à ce titre là, que le siège de province d’El Jadida a abrité le mercredi dernier une journée débat (que l’on peut considérer comme une première au niveau national), afin de dégager une formule appropriée qui soit en mesure d’assurer la continuité des planches d’El Jadida tout en évitant les erreurs à répétition qui ont toujours accompagné la gestion du « théâtre municipal ».

Personne ne peut nier que cette initiative est aussi sage qu’indispensable, surtout si l’on se réfère aux précédentes expériences où les décideurs s’étaient limités à la restauration du bâtiment et ses annexes, sans pour autant prêcher dans la prévoyance.

Il est dit quelque part qu’à l’instar de tout lieu de culte, les espaces culturels disposent eux aussi d’un état d’âme qui est d’une extrême sensibilité et qui n’admet nulle improvisation. Dans les milieux artistiques qui se respectent, il est connu que les théâtres ne se gèrent pas comme des fonds de commerce et se réservent un monde à part qui obéit à sa propre logique et ses propres règles, d’où l’importance primordiale de cette rencontre de réflexion qui a regroupé autour de la même table les responsables de l’administration, les élus, les professionnels du métier et le corps des artistes locaux.

Il faut reconnaitre que le débat n’était pas sorti des sentiers battus, non pas que la qualité des intervenants laisse à désirer, loin s’en faut, mais tout simplement parce que le sujet en question est d’une extrême délicatesse et fait appel à beaucoup de prudence et de pondération dans toute prise de décision. Comme nous l’a fait savoir un intervenant bien au vent des milieux artistiques, le cas d’El Jadida n’est pas unique dans le pays. Si l’on excepte de rarissimes exemples de réussites, les problèmes relavant de la gestion des espaces culturels sont d’actualité au niveau national, raison de plus pour que cette concertation issue d’El Jadida, puisse déboucher sur une solution aussi valable que viable. Une solution qui éviterait au géant d’El Jadida de trébucher une fois de trop et qui pourrait tout aussi bien servir d’exemple aux autres espaces culturels en mal de gestion.

Chahid Ahmed