Le bruit court que les rues du centre-ville ont commencé à réapprendre les couleurs des vitrines. Le bruit court aussi que les commerçants en titre des principales artères de la ville ont retrouvé «le bonheur perdu» et qu’ils ont d’ores et déjà renoué avec la sacro-sainte habitude de «balayer sereinement devant leurs portes».
Le bruit court, enfin, que les autorités ont décidé de faire table rase de tous les anachronismes de la ville, en procédant à un grand ménage.
La rumeur est allée crescendo ces derniers temps. Elle a permis de la sorte de tenir la barre haute. Voici les faits. Ce qu’on appelle couramment l’étalage anarchique, a carrément investi toutes les rues marchandes de la cité d’El Jadida. Le nombre de ceux qui, jusqu’au début des années 1990, étaient des marchands ambulants, se sont tout simplement sédentarisés, plantant leurs étales sur les trottoirs et devant le seuil des magasins. Ils ont pu couler de bien heureux jours en profitant de tous «les avantages» qu’offre le commerce «informel». Quelques-uns purent même bénéficier des autorisations légales nécessaires pour pouvoir s’afficher en toute quiétude. L’exemple du marché Allal Kasmi est à ce propos édifiant. Il est arrivé parfois d’y compter plus d’étals anarchiques que de magasins. Le comble est que les produits proposés aux clients sont pour une grande majorité les mêmes que ceux exposés dans les magasins.
Solutions urgentes
Certains des commerçants sont allés jusqu’à profiter de l’aubaine en plantant juste devant leur seuil leur propre étalage. Cela ne pouvait plus durer, surtout que toutes les grandes places marchandes ont été touchées par le phénomène. Le bruit a longtemps, par conséquent, couru dans les couloirs des autorités que des solutions urgentes allaient être trouvées.
La rumeur a finalement cédé le pas à la réalité. Dernièrement, les agents des forces auxiliaires et les agents de la municipalité ont investi très tôt les places (Allal Kasmi, Place Hansali) pour sommer les bénéficiaires des étalages anarchiques à plier bagages. En quelques heures, la Place Hansali fut nette. Les responsables de la province ont fait montre de toute la fermeté à assainir secteur.
La décision a réconforté les commerçants des principales artères de la ville. Leur mine victorieuse affichée juste après le départ «forcé» des «gêneurs» en dit long sur le calvaire qu’ils ont dû subir durant toutes les années de coexistence difficile avec les étals de fortunes plantés juste devant leurs commerces. «Normal que l’on se sente libéré, comme si l’on renaissait .
Nous nous sentons libérés, remis en confiance. «Et je pense que cette opération de toilette dure pour longtemps», lance un propriétaire de magasin de la Place Hansali.
El Mostafa Lekhiar – Le Matin 10-04-2003