Disons-le. Et en toute fierté du chevalier. C’est le printemps du cheval ! Il est beau, cet ami, de toutes les circonstances, et sous tous les cieux, cet ami séculaire de l’homme. Le cheval est à l’honneur de ce printemps tout en fleurs à travers le Royaume uni par la fête et pour la fête.
A Sidi Bennour en plein Doukkala, à Lafkih Ben Saleh en plein Tadla, à Rass El Aïn en plein Chaouya, les sorbas se partagent avec le public venu des quatre coin du pays et de nos hôtes étrangers qui vénèrent l’occasion d’être de leur côté à maintes reprises une fois étant au Maroc pour un séjour si court, la liesse collective sous un ciel clair, une nature aussi généreuse que l’était le ciel, au rythme du baroud et de l’archer. Et des you-you que nul moussem ne put se passer sans.
Le you-you constitue pour le cheval et le chevalier non seulement une récompense mais aussi du punch. Les femmes qui gardent le temple de la fantasia se sont bien placées, là où il faut, pour rappeler à l’animal et à l’homme qu’elle veillent sur eux, et prient pour eux, et multiplient les you-you. Et le duo s’en rend compte et répond à celle qui lui inspire beauté et grandeur, par cette danse que, elle seule, sait lire. Vivre en symbiose est la raison d’être du cheval et ses maîtres.
Le cavalier et le cheval n’entrent sur scène qu’après s’être soumis à des rites bien arrêtés depuis bien des siècles : d’abord se laver comme si on se préparait pour la prière, se faire beau, se parfumer, s’embaumer sous l’œil vigilent et adulateur de la femme, mère ou épouse, de plantes et de résines aromatiques ; puis on appelle un érudit qui lit quelques versets coraniques et prie pour le cheval, pour le chevalier, pour la sorba, pour tous les musulmans vivants et morts.
Le moussem, car c’est comme cela que les Marocains aiment appeler ces manifestations où le cheval les unit dans une cérémonie pieusement consacrée, ouvre comme à l’accoutumé ses bras à tous les métiers, à toutes les catégories, à toutes les corporations des stands aménagés pour l’occasion, à servir, à distraire, un public si divers mais tellement curieux.
Une boule d’air pour les stressés et les intéressés, en plein air. D’aucuns aura son lot d’allégresse et pourra rentrer satisfait de ce qu’il pourra voir. Ainsi, élèves, étudiants, instituteurs, professeurs n’hésitent pas à répondre à l’appel du voyage qui pour se dégourdir les méninges, qui pour se ressourcer, qui pour participer et vivre de plain-pied la fête sur son cheval quittant la blouse du travail et enfilant djellaba, burnous, le poignard en bandoulière, le fusil en règle et tout ce qu’il faut pour être à l’aune de la circonstance.
Force est de reconnaître que ces trois manifestations que nous avons pu voir ont été bien organisées.
Abdelkrim Mouhoub