Quatre chefs d’agences se sont succédé à la tête de la Banque Commerciale du Maroc, et aucun d’entre eux n’a pu découvrir le déficit dans sa caisse.
En trois mois la banque a vu à sa tête trois chefs, le premier a été muté et deux autres avaient démissionné peu de temps après leur nomination, l’un d’entre eux a quitté le pays pour le Canada.
C’est le jeune cadre nommé dernièrement qui a mis la main sur les incohérences dans les comptes des clients, ce qui l’a poussé à demander des explications au chargé de compensation. Le chiffre était énorme (22.669.649,00 dirhams).
Dans la même journée du 20 décembre 2002 vers 20h30 le responsable de la compensation a essayé d’entrer en contact avec le caissier mais en vain, entre temps le chef caissier et l’ex responsable de compensation ont pris rendez-vous avec le caissier pour la matinée du samedi 21 décembre à Sidi Bouzid, dans le but de trouver une issue à ce problème. Et suite à cette rencontre ils se sont mis d’accord pour que le caissier se charge de l’affaire en demandant l’aide d’un directeur centrale de la banque.
L’enquête a révélé que les détournements de fond ne datent pas d’hier, en 1997, date du changement du responsable de la compensation, l’agence avait un déficit de 8.000.000,00 de dirhams. Le chef d’agence avec la complicité du caissier payait les chèques des grands clients sans retirer les sommes de leurs comptes; de son côté le responsable de la compensation falsifiait les documents et rédigeait des rapports fictifs expliquant que toutes les opérations étaient correctes, et la dernière en date a eu lieu le 13 décembre 2002. Les chèques des clients étaient gardés par le caissier.
L’ex responsable de la compensation jouait le même jeux avant la nomination de l’actuel responsable, ce qui explique l’implication de la majorité des employés de l’agence dans l’affaire, soit par leur participation ou par leur silence.
Cette pratique a duré dix ans, le caissier payait certains clients sans garanties et gardait leurs chèques chez lui, et le chef d’agence l’alertait des visites des commissions d’inspection et lui donnait des chèques impayés pour compenser le déficit. Mais cette fois le trou a dépassé toutes les limites.
Profitant de ces facilités, les employés de la banque ont aussi bénéficié de ces prêts illégaux en contrepartie de chèques sans provision comme garantie. Un ex chef d’agence avait été muté vers Casablanca après la découverte par le service des crédits au siège de la banque à Casablanca d’une opération de prêt illégal en son compte.
Cette bombe à retardement a été déclenchée suite à la réclamation de la société « Huileries du Souss » après le retard observé dans le virement de ses avoirs, cette réclamation avait pour effet la suspension du caissier. En quittant l’agence le caissier a emporté ses documents et 120 chèques dont deux avec une valeur de 850.000,00 dirhams au nom de deux hommes d’affaires très connus dans la province, en plus des chèques des employés d’une valeur de près de 1.000.000,00 de dirhams.
L’enquête menée dans l’affaire par la police judiciaire a permis la découverte d’un sac en plastique contenant 300 chèques appartenant à des personnes physiques et morales ainsi que des carnets signés à blanc appartenant à des personnes étrangères à la banque chez une femme (la maîtresse du caissier).
Après avoir découvert les chèques de certains employés parmi les 300 chèques, la police judiciaire a interrogé l’adjoint du chef d’agence (une dame), la secrétaire, un employé et la maîtresse du caissier.
Le jeudi 2 janvier 2003 les quatre suspects ont été écoutés par le procureur du Roi qui a ordonné de les mettre ne détention vers 13h15.
La cour a reporté l’affaire dans laquelle sont poursuivis le caissier, quatre employés et un client, tous en détention, au lundi 6 janvier 2003 sur demande de la défense.
Les employés sont poursuivis pour abus de confiance et falsification de documents bancaires et son utilisation.
La maîtresse du caissier quant à elle est poursuivie pour adultère et participation.