La forte houle qui a touché le Maroc les 6 et7 Janvier dernier, n’a pas manqué de provoquer des dégâts plus ou moins importants et des inondations dans plusieurs villes côtières du pays dont plus particulièrement Casablanca, Agadir, Salé, Essaouira, Kenitra, et Safi où l’on a signalé l’endommagement total ou partiel de 75 embarcations artisanales.
Miraculeusement, la ville d’El Jadida a passé cette épreuve avec plus d’appréhension et de craintes que de dégâts. Les commerces qui ceinturent la plage et qui sont implantés à même le sable sont sortis indemnes. La magnifique baie qui trône majestueusement au centre de la capitale des Doukkala a nargué la colère océanique sans trop s’en faire tout en restant fidèle à sa nature dont la spécificité a été remarquée et appréciée depuis des temps très lointains.
L’histoire ancienne ne nous rapporte-elle que les Sanhadja qui peuplaient la zone autrefois et les Almohades qui avaient laissé derrière eux les traces de leur passage, avaient déjà détecté la singulière qualité nautique de la place ? Les Portugais qui s’étaient ancrés sur les mêmes lieux, deux siècle et demi durant, en érigeant un véritable radeau de terre sur les décombres de la cité de leurs prédécesseurs ne s’étaient-ils pas inspirés de cette même logique ? L’époque du protectorat Français n’ avait-elle pas été marquée par la construction du fameux casino les pieds dans l’eau, qui aurait du résister jusqu’à nos jours si ce n’étaient certains fâcheux incidents du parcours ?
Tous ces indicateurs supposent qu’il y a matière à réflexion en ce qui concerne l’exceptionnelle position de ce site qui est très loin de figurer parmi les priorités de tous les gérants qui se sont succédés à la tête de la ville d’El Jadida.
S’est-on jamais interrogé sur les raisons qui font que la plage d’El Jadida ressemble beaucoup plus à un grand lac tranquille qu’à une ouverture béante sur le vaste atlantique avec tout ce qui s’en suit comme caprices ?
Heureusement qu’il y a des hommes de science qui pensent pour nous et qui ont depuis longtemps étudié et compris la morphologie côtière de notre espace maritime. Dans l’un de ses précieux ouvrages « FULGURENCE, les ports du Maroc des origines à 2020 », M. Najib Cherfaoui, Ingénieur des ponts et chaussées et expert maritime et portuaire, spécifie que le port de Mazagan est naturellement protégé par une chaussée sous marine, longue de quatre Kilomètres. Cet épis rocheux joue un rôle important du fait qu’il abrite efficacement la rade. Et même par gros temps, les bateaux jouissent dans la zone de mouillage d’un calme suffisant pour toutes les opérations.
Vérités scientifiques dont nous laissons la méditation au soin de nos responsables. Peut-être qu’un jour de lucidité citoyenne on saura comment la ville peut tirer profit de cette autre valeur ajoutée naturelle qui démarque la Province d’El Jadida de ses consœurs.