Colloque à El Jadida sur le projet de Code de la famille

Colloque à El Jadida sur le projet de Code de la famille : la réforme de la moudouana est en parfaite harmonie avec les concepts fondateurs de l’ijtihad

Des participants à un colloque sur le projet de Code de la famille, organisé mercredi à El Jadida, ont été unanimes à souligner que la réforme de la Moudouana s’inscrit en parfaite harmonie avec l’esprit de l’Ijtihad, notamment son concept fondateur qui consiste en la quête du bien pour la communauté.

Pendant toute l’histoire de l’Islam, les ouléma et les grands exégètes de la chariâ ont fondé leurs jugements sur le postulat de l’Ijtihad qui consiste à  »chercher le bien et se prémunir du mal », ont-ils affirmé. Mme Rahma Bourkia, présidente de l’université Hassan II de Mohammedia et membre de la Commission consultative chargée de l’élaboration du projet de Code de la famille, a indiqué que les réformes contenues dans le projet de la nouvelle Moudouana constituent un ajustement qui s’impose pour adapter cette législation aux nouvelles réalités sociales.Et d’expliquer que les changements survenus au niveau de la structure du noyau familial en raison de l’inexorable évolution socio-économique de la société marocaine, ont rendu les dispositions de l’ancienne Moudouana en déphasage avec la réalité.

Concernant la réforme qui engage au même titre la responsabilité des deux conjoints pour assumer les charges de la famille, l’intervenante a indiqué qu’il s’agit là d’une réponse rationnelle à une réalité évidente de la société marocaine actuelle. Elle a appuyé ce point de vue par des statistiques qui démontrent que la proportion des femmes actives dans le tissu économique national est passé de 9,4 pc en 1987 à plus de 40 pc actuellement, ajoutant également que les mêmes statistiques révèlent que dans 20 pc des foyers marocains ce sont des femmes qui assument le rôle de chef de famille. Pour ce qui est de la réforme fixant l’âge du mariage à 18 ans, Mme Bourkia a expliqué qu’il s’agit là également d’un ajustement des textes à la réalité de la société marocaine, puisque l’âge moyen du mariage est passé de 17,3 ans en 1960 à 28 ans actuellement.

M. Ahmed El Khamlichi, membre de la commission consultative et directeur de Dar Al-Hadith Al-Hassania a souligné, quant à lui, que l’acte de mariage a demeuré depuis longtemps isolé de la légitime logique contractuelle, ajoutant que parmi les plus importantes réformes du projet de Code de la famille est celle qui permet aux futurs conjoints de consigner dans l’acte de mariage leurs conditions réciproques.
Une telle démarche, a-t-il estimé, permettrait d’entourer les liens de mariage de garanties à même d’assurer sa solidité et sa pérennité. Abordant la question de partage des biens en cas de divorce, Mme Souad Rahaim, enseignante à la faculté des Lettres d’El Jadida, a indiqué que le projet de réforme du Code de la famille n’a pas été le premier à traiter de cette affaire.

Des ouléma de la région de Souss avaient, par le passé, usé de l’Ijtihad pour trouver une solution équitable pour les deux conjoints en ce qui concerne le partage des biens fructifiés durant le mariage.

Des livres de fikh d’illustres ouléma de la région rapportent le cas d’une femme qui a eu gain de cause en obtenant la moitié d’une vaste demeure puisqu’elle a prouvé qu’elle a contribué à sa construction par son labeur durant la vie conjugale. L’ouverture du colloque, organisée par l’université Chouaib Doukkali d’El Jadida, a été présidé par le gouverneur de la province M. Driss Khazani, et le président de l’université, M. Mohamed Qaouam.

MAP – 25-12-2003