Introduction :
Le matin a publié Dimanche le 27 avril, 2003, l’article intitulé » Renouvellement du bureau du conseil provincial : Bouchaib Lahlali réélu président » par Abdelmajid Nejdi faisant état dont voici le texte intégral :
» L’assemblée provinciale d’El Jadida, réunie récemment dans sa session ordinaire d’avril 2003, a réélu les membres de son bureau et des commissions et a élu Bouchaib Lahlali président.
Au cours de cette session qui s’est déroulée en présence du gouverneur, Driss Le Khazzani, et du secrétaire général de la province, il a été procédé B l’adoption du compte administratif au titre de l’exercice 2002 et l’affectation de l’excédent budgétaire de l’année 2002.
Par la même occasion, les membres de l’assemblée ont suivi avec attention le rapport sur les activités des services extérieurs et des établissements publics ainsi que celui des commissions du conseil provincial.
Voici, par ailleurs, le nouveau bureau du conseil provincial :
- Président : Bouchaib Lahlali
- Premier vice-président : Abdellatif Ettoumi
- Deuxième vice-président : Mohamed Bouzeghar
- Rapporteur : El Aouni Ouezzaâ
- Secrétaire : Mohamed Soujda
- Secrétaire-adjoint : Noureddine Lamkhayar
- Commission du budget : Abderrahmane Talbi
- Commission des infrastructures de base : Mohamed Ammar
- Commission des affaires sociales et culturelles : Ahmed Ouasfi
- Commission des affaires économiques : Ahmed Hakkar
- Commission de l’agriculture: Abdelkader Kandil. «
En lisant l’article, je n’ai vu aucune commission sur l’ENVIRONNEMENT ni sur le TOURISME (un des axes économiques de la ville d’El Jadida). L’ENVIRONNEMENT est l’un des secteurs auxquels on doit penser sérieusement et prendre en considération pour assurer un développement durable des secteurs économique (tourisme balnéaire, secteurs industriels), social (santé du milieu, santé de la population, etc…), l’agriculture et la pêche.
Aperçu :
L’allocation de budgets et la formation de professionnels capables d’œuvrer dans le secteur de l’environnement est l’une des priorités de plusieurs municipalités à travers le globe. Ces pays sont convaincus qu’un équilibre entre le secteur environnemental et le développement socio-économique est nécessaire pour assurer un développement durable.
Le développement économique que la ville d’El Jadida a connu pendant les deux dernières décennies et qu’elle continue de connaître pendant nos jours feront en sorte que cette ville soit un des centres industriels les plus importants au Maroc. La ville représente une des destinations privilégiées tant pour les marocains que pour les touristes étrangers pendant l’été.
La ville d’El Jadida grandit si vite qu’un secteur comme l’environnement doit figurer sur la liste des priorités du conseil municipal. De ce fait, la désignation d’une commission chargée de ce secteur est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
Pratiques Courantes :
Des pratiques courantes dans des cartiers résidentiels se font en dehors de tout respect des normes de santé et de sécurité et de protection de l’environnement. Par exemple, sabler le bois dans la rue, le bruit (de tôleries et de soudeurs) dans les cartiers résidentiels, le lavage d’autos dans des garages dans des cartiers résidentiels en utilisant des détergents dont on ignore la composition chimiques ont tous des effets néfastes sur la santé des employés, des résidents et sur l’environnement. L’utilisation de détergents organiques persistants (contenant du phosphore et d’autres substances dangereuses pour la santé et l’environnement), et / ou la décharge des déchets toxiques (comme les dérivés de pétrole et solvants organiques) dans la rue ou n’importe où contribuent, surtout si de telles pratiques se font dans des zones résidentielles, B la contamination de l’environnement et de ce fait à l’augmentation des risques de maladies aiguës et chroniques. Le prix pour la décontamination, s’il existe, est cher et le prix pour la santé des gens exposés est inestimable.
Dispositions Législatives :
Mais avec ce développement économique rapide, l’environnement à El Jadida ne semble pas attirer l’attention qu’il mérite. Les raisons, c’est que :
a) l'indifférence, le manque d'intérêt publique et des autorités locales à cause d'autres préoccupations, ont fait en sorte qu'un tel lien reste invisible;
b) le gouvernement central n'a pas mis à la disposition des autorités locales les ressources nécessaires pour promouvoir un tel secteur et de ce fait le gouvernement local n'a pas fait de l'environnement une de ses priorités.
Pourtant, le Décret no. 2-93-1011 du 18 Chaabane 1415 (20 Janvier 1995) portant sur la Réorganisation des organismes chargés de la protection et de l’amélioration de l’environnement fait état de ce lien étroit et établit en vertu de l’article premier le Conseil National de l’environnement (CNE). L’article premier stipule que :
" […] Il est créé un conseil national de l'environnement et des conseils régionaux de l'environnement.
Il est également crée un conseil de l'environnement au niveau de chaque Wilaya ou a défaut de chaque province. […] "
L’importance du lien entre l’environnement et la santé des marocains d’une part et entre l’environnement et développement durable d’autre part est bien soulignée en vertu de l’article 2 du décret qui stipule que :
" […]- Le conseil national de l'environnement a pour mission d'oeuvrer à la protection et à l'amélioration de l'environnement lesquelles ont pour finalités de :
- préserver l'équilibre écologique du milieu naturel notamment les eaux, le sol, l'air, la faune, la flore et le paysage ;
- prévenir, combattre et réduire les pollutions et les nuisances de toutes sortes;
- améliorer le cadre et les conditions de vie.
Le conseil national de l'environnement s'attache également à assurer l'intégration des préoccupations environnementales dans le processus de développement économique et social en vue de réaliser les objectifs du développement durable.
On entend par développement durable, un processus de développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. […] "
Le decret spécifie les modalités et établit le cadre de travail pour le CNE pour mettre en oeuvre son mandat. Pour ce fait, des conseils régionaux ont été créées en vertu de l’article 13 stipulant :
" […]- La présidence du conseil régional de l'environnement est assurée comme suit :
- pour la région économique du Centre- Nord: le gouverneur désigne en qualité de wali de Fès ;
- pour la région économique du Centre-Sud: le gouverneur désigne en qualité de wali de Meknes ;
- pour la région économique du Nord-Ouest: le gouverneur désigne en qualité de wali de Rabat-Sale;
- pour la région économique du Tensift: le gouverneur désigne en qualité de wali de Marrakech;
- pour la région économique du Centre: le gouverneur désigne en qualité de wali du Grand Casablanca ;
- pour la région économique de l'Oriental: le gouverneur désigne en qualité de wali d'Oujda;
- pour la région du Sud: le gouverneur désigne en qualité de wali d'Agadir;
Le conseil régional de l'environnement comprend :
- les présidents des assemblées provinciales ou préfectorales ou leurs représentants ;
- les représentants des ministères membres du conseil national de l'environnement représentés dans les wilayas ou provinces ;
- les présidents des communes intéressés par l'ordre du jour.
Le conseil régional de l'environnement peut s'adjoindre à titre consultatif des représentants des institutions scientifiques, des organismes publics, des associations professionnelles, des organismes prives, des associations spécialisées en matière d'environnement et de développement durable, ainsi que des personnes qualifiées. […] "
La ville d’El Jadida a grandi rapidement et l’environnement B El Jadida nécessite de plus en plus l’attention des autorités locales dans un cadre de travail tel que établi sous les dispositions du Décret.
Potentiel :
Les dispositions législatives telles que annoncées dans le Décret sur la Réorganisation des organismes chargés de la protection et de l’amélioration de l’environnement constituent des motifs valables pour ouvrir des postes pour des diplômés universitaires en Biologie, Sciences de la terre, Chimie, etc… qui joueront le rôle d’inspecteurs , agents environnementaux municipaux et même régionaux. Ces derniers opéreront à l’intérieur de sections ou de divisions multidisciplinaires comme ailleurs dans d’autres juridictions internationales.
Dans ce sens les diplômés universitaires pourraient trouver un travail dans leurs champs de spécialisation et la ville d’El Jadida pourrait, de ce fait, bénéficier des programmes en sciences offerts à l’université.
Profitons alors de ce potentiel et de ces ressources et mettant sur pied des programmes universitaires qui serviront nos besoins locaux et régionaux en matière de l’environnement.
L’éducation universitaire, de cette façon, aurait servi les besoins environnementaux locaux, régionaux et même nationaux.
Contraintes :
Il se peut que l’environnement ne soit pas sur la liste des priorités du gouvernement central, mais ceci n’empêche pas que des efforts à l’échelle locale et régionale y soient dépensés. Dans plusieurs pays au monde, le débat sur la juridiction sur l’environnement entre gouvernements centraux et autorités locales a fait en sorte qu’il faut traiter des politiques environnementales de la même façon que le cadre de travail énoncé dans les dispositions du Décret portant sur la Réorganisation des organismes chargés de la protection et de l’amélioration de l’environnement.
De telles dispositions soulignent la reconnaissance du gouvernement central marocain de l’importance fondamentale de la décentralisation du champs d’action de la politique environnementale et sa conscience du rôle des localités et des régions dans la mise en œuvre d’une politique environnemental nationale. Le législateur est de ce fait conscient du fait que la gestion de l’environnement commence d’abord dans les localités et les régions et par cela j’entends dire dans la maison, le quartier, la ville, les localités, la province, la région…etc (Voir figure.1). Il n’est pas par coïncidence si des pays comme le Canada, les É.U, l’UE et d’autres adoptent cette même approche pour la gestion de l’environnement.
La gestion de l’environnement telle que prévue par le décret sur Réorganisation des organismes chargés de la protection et de l’amélioration de l’environnement va dans le sens de la politique de décentralisation que le gouvernement marocain a entamée et qu’il est déterminé à poursuivre.
Recommandations :
Une commission municipale sur l’environnement peut être mise sur pied et jouerait un rôle très important dans l’avancement de l’agenda environnemental à El Jadida. Le rôle de cette commission municipale chargée de l’environnment serait de mettre sur pied des programmes d’action touchant quatre volets:
· Sensibilisation : Éduquer et sensibiliser la population, incluant les propriétaires de projets industriel (ateliers de travail, affiches publicitaires, présentation aux élèves dans les écoles, les Lycées)
· Réglementation : mettre sur pied des règlements municipaux pour protéger l'environnement à El Jadida.
· Normalisation : Établir des normes de santé, de sécurité (en matière de santé) et de protection de l'environnement auxquelles les milieux de travail industriel et autres doivent répondre.
· Conformité : Établir un programme (d'inspection et De mise en oeuvre) permettant aux industries de se conformer aux règlements.
Stratégie de mise en application :
Atteindre l’objectif souligné en haut pourrait se faire en plusieurs phases dont les plus importante sont les suivantes :
1- Un premier pas dans ce sens est de cesser de délivrer des permis pour des industries au moins dans les zones résidentielles.
2- Des standards et des règlements régissant de telles industries doivent être établis à El Jadida. Après avoir mis sur pied de tels règlements, les permis ne doivent être délivrés à moins qu’un tel projet réponde aux exigences de santé et de sécurité (en matière de santé) des travailleurs et de protection de l’environnement établis par la municipalité d’El Jadida.
3- Une période de grâce de deux années, par exemple, après l’entrée en vigueur des règlements, par exemple, doit être donnée pour permettre aux entreprises de se conformer aux nouveaux règlements.

Dr. Larbi El Bilai (Ph.D)
Spécialiste en Santé Environnementale
Ottawa, Canada.