Je vous écris pour vous faire part de mon sentiment sur ce qui se passe à El Jadida en ce moment au niveau des élections municipales. Je vous le donne tout de même avec des pincettes « moi! » parce que je ne suis pas au fait de la réalité et sur le terrain pour en juger objectivement.
Je pense seulement qu’une démocratie ne naît pas en 2 jours et ces élus sont représentatifs du degré de citoyenneté des électeurs et des jdidis eux-mêmes. Que représente pour eux le fait de voter : ce droit pour lequel des hommes ont donné leurs vies : un possible changement de leur qualité de vie pour eux et leurs enfants ou la possibilité de gagner 10dhs? En effet, je n’ai jamais compris pourquoi un marocain est généralement un fervent royaliste, un nationaliste affirmé mais un piètre citoyen!!
Et c’est en y réfléchissant que je me suis retournée la question, devons-nous tout mettre sur le dos de l’analphabétisme couramment constaté dans les classes populaires, que font les érudits et autres intellectuels pour que la situation change?
Nous avons, tous ceux qui ont les moyens de bâtir une véritable démocratie, une responsabilité d’éducation face à une population ignorant ce qu’une démocratie veut dire. En effet, au delà de notre et votre rôle de dénonciation, il serait bon de s’interroger sur nôtre propre rôle dans la démocratisation des esprits.
Politiciens, journalistes, hommes de lois, fonctionnaires (qui n’ont pas compris qu’ils sont au service de l’intérêt général et public!) médias, ou relayeur de l’info comme vous l’êtes, nous avons même une part de responsabilité dans ce qui se passe. En effet, tant que nous n’arriverons pas à faire comprendre aux citoyens qu’un vote est la promesse d’un Maroc meilleur alors leurs élus locaux ne reflèteront pas la démocratie.
A l’heure actuelle, le Maroc est une démocratie en construction, la réalité du terrain est loin d’être enthousiasmante et ces situations ne font qu’éloigner encore davantage la confiance des citoyens vis à vis de la politique. Et pourtant, il y a parmi ces électeurs et ces élus des personnes honnêtes et motivées par leur foi, par leur engagement à être le porte-parole de gens désabusés mais qui font confiance à leurs élus parce que ce sont des relations de confiance, de médiation, de voisinage établies depuis de longues années, et c’est dans ce contexte, où personne n’est tout blanc ni tout noir que la démocratie se construit. L’Etat, est lui le garant de la bonne marche des élections, il doit mettre en place des processus clairs et transparents. Pour la classe politique dirigeante, cette situation qui s’est répétée un peu partout au Maroc est un échec des institutions au delà du fait que certains élus soient ou non corrompus.
Car je vous le répète, je connais personnellement des élus communaux qui se plient en 4 pour leurs administrés par passion et non par l’appât du gain et du pouvoir. Ces mêmes élus n’ont sans doute pas intégrer la portée de leur engagement, ne connaissent rien aux rouages de la politique ni aux stratégies d’alliances (car elles existent mêmes dans les plus grandes démocraties). et je suis ennuyée que l’on jette l’opprobre sur ces élus et que l’on décrédibilise le travail qu’ils ont pu faire fusse t’il minime mais honnête.
De plus, s’attribuer le rôle de dénonciateur est également une responsabilité, allez au bout de vos dires et de vos accusations, engagez-vous. J’ai pu par exemple discuté avec des jdidis qui n’hésitent pas à critiquer ce qui se passe mais qui n’ont pas voté. Pour moi, c’est inadmissible!!!
A bon entendeur,
F. K.