Le Maroc hors des sentiers battus
Méconnue, la ville d’el-Jadida mérite le détour

Il ne faut pas se le cacher. En ces temps troublés, partir en vacances au Maghreb fait peur à beaucoup. C’est pourtant un geste de solidarité indispensable. Pour les habitants de ces pays, dont beaucoup vivent du tourisme. Pour nous, car c’est une façon de dire que nous refusons la peur que les terroristes, que ce soit là-bas ou chez nous, tentent d’instiller dans nos esprits. D’où notre décision de maintenir cette découverte d’el-Jadida, une ravissante cité fortifiée édifiée par les Portugais au début du XVIe siècle sur la côte atlantique du Maroc, à laquelle nous vous convions aujourd’hui.

En dehors du Maroc, le nom d’el-Jadida n’est pas vraiment connu. Il suffit, pourtant, d’un petit peu moins de deux heures en voiture, grâce à une superbe autoroute, pour s’y rendre depuis Casablanca, la capitale économique du royaume chérifien. Si le nom d’el-Jadida ne dit rien à beaucoup, du moins en Europe, c’est, qu’en fait, la ville reste surtout connue chez nous par son nom portugais : Mazagan. Une ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le nom de Mazagan témoigne d’une époque : celle de la conquête du monde par les marins portugais.

Ayant besoin d’un comptoir sur la route des Indes, ils fondent une cité fortifiée. Un bastion militaire qui leur permet de contrôler la région et que les Arabes mettront plus de deux cents ans à conquérir. Ce n’est qu’en 1769 que ces derniers reprendront la ville. Une ville qui garde encore aujourd’hui, du moins pour sa partie fortifiée, de nombreuses traces de son passé portugais et offre un exemple magnifique des influences croisées entre les cultures européenne et marocaine. Les remparts y sont toujours quasi intacts. Un miracle. Lors de sa prise par les Marocains, Mazagan avait été tellement détruite qu’ils l’avaient surnommé al-Mahdouma, la démolie. Le nom d’el-Jadida, la neuve, célébrant sa reconstruction.
La citerne portugaise

Parmi les surprises qu’offre cette ville figure aussi la citerne portugaise. Une citerne, en fait une salle d’armes à l’origine, dans laquelle l’eau s’écoulait par un large oculus au plafond ce qui permet à la lumière de se refléter sur l’eau en contrebas, créant ainsi une étonnante atmosphère.

Autant le calme règne dans la cité fortifiée de Mazagan, autant la ville moderne d’el-Jadida est bouillonnante. Le Maroc moderne est ici chez lui. Voitures pétaradantes, appels des marchants, femmes pressées, hommes au café… El-Jadida ne diffère guère des autres villes moyennes marocaines. Jusqu’au moment où l’on pénètre dans le souk. De nouveau le calme. Aux étals, les marchandises se disputent la place avec, parfois, quelques surprises comme ces babouches aux couleurs des principaux clubs de foot européens : Arsenal, Chelsea, Bayern, Real et, bien sûr, l’OM. Plus loin, des couturiers façonnent, assis à même le sol, des djellabas, des pharmaciens traditionnels proposent leurs produits à deux pas des marchands d’épices dont les immenses paniers d’osier débordent de couleurs mais aussi de senteurs.

El-Jadida est aussi la capitale marocaine du cheval. Chaque année s’y tient, au mois d’octobre, le salon du cheval d’el-Jadida. Plusieurs centaines de chevaux y sont présentées dont une majorité de pur-sang arabes mais pas seulement. Le tbourida, un cheval barbe, est aussi largement représenté à ce moment-là. Cette race, très ancienne est apparue il y a… 3 000 ans et fait partie intégrante du patrimoine équestre marocain.

Plus d’infos auprès de l’Office national marocain du Tourisme, rens. au 01 42 60 56 76 www.visitmorocco.com

Frédéric Cheutin

LaProvence.com