PARUTION – P’TIT SEL DE DOUKKALA Par : NAJEH HASSAN

Le vendredi 16 juin 2006, l’Alliance Franco-Marocaine a organisé une rencontre dans la salle de conférence du parc Hassan II pour présenter « P’tit Sel De Doukkala » une oeuvre de Mr NAJEH Hassan sous forme d’un recueil de récits et nouvelles qui traite de la condition humaine dans l’espace de la région de doukkala comme métaphore du monde.
Le titre de l’œuvre est inspiré du fait que le sel est avant tout un minéral qui fait partie de chaque être vivant ; il apporte équilibre ; saveur et attrait aux produits de l’homme ; particulièrement ceux issus de son imaginaire. Cependant, dans le vécu du doukkali ; le sel prend une dimension caractérielle où adviennent des situations pittoresques sortant de l’ordinaire. P’tit Sel De Doukkala aborde des sujets hors du commun impliquant des personnages singuliers ayant pour point commun l’état d’exclusion ou de réclusion où ils végètent et cela dans un topos stagnant ; sourd et aveugle aux aspirations de ses occupants. L’œuvre remet en question l’altérité ; la société et la grande peur de l’avenir d’une communauté encore en gestation.

P’tit sel de Doukkala est le troisième ouvrage littéraire de Mr NAJEH Hassan après « Eternautes ou les maudits du temps » et « Il était une fois Mazagan ». L’auteur reste fidèle à son approche consistant à prendre comme métaphore l’espace de son vécu, en l’occurrence la région de doukkala pour divulguer un message universel sur les phénomènes socioculturels que subit l’être humain et sur l’anxiété quant à son devenir. Ainsi, ce recueil de récits et nouvelles aborde la question de l’exclusion de l’homme dans un espace de plus en plus étriqué et où l’individu commence à perdre toute notion de valeurs et d’identité aux dépens de petits plaisirs et d’infimes profits matériels.

Tous les personnages de l’oeuvre sont frustrés ou marginalisés par un trait distinctif dans la société et sont possédés par un souci d’intégration. Autour de ce malaise existentiel est tissé une trame fantastique faisant resurgir une panoplie de mythes, de contes et de légendes propres à la région de doukkala tel celui de « Aïcha Kondécha ». Mais, il reste que l’oeuvre est aussi une tentative de faire sortir la littérature orale doukkali de sa dimension mnémonique à une dimension graphique accessible à tout le monde et ainsi démontrer qu’au-delà de l’espace et le temps, l’Homme reste toujours un homme avec les même besoins, les mêmes aspirations et les mêmes angoisses.
P’tit sel de doukkala n’est pas un ouvrage d’histoire, il traite de la condition humaine en figeant l’espace et le temps. Ainsi, la pierre angulaire de l’œuvre s’articule essentiellement autour d’une assise philosophique et psychologique tandis que la trame littéraire reste issue du produit de l’imaginaire de la région. En fait, la mémoire orale de doukkala foisonne d’épopées de sagas et de mythes pouvant être utilisés comme matériel poétique pour façonner un canal afin de transmettre un message universel sur l’altérité, la différence et les états d’âme propres à l’Homme quel que soit l’espace et le temps de son vécu.
De ce fait, ce recueil conjugue cinq récits et nouvelles pour l’espoir d’une communauté terrienne unie et harmonieuse sans distinction de race, de croyances et d’appartenance spatiale.

Résumés de nouvelles et récits

Le fou de Mazagan : le sujet traité est celui de l’exclusion. Il s’agit d’une lutte interne que connaît la mémoire de doukkala cantonnée dans passé jugé glorieux et un présent qualifié d’inadéquat par les antagonistes de la nouvelle. Ainsi, le personnage principal remonte le passé pour y puiser le courage de se libérer du conventionnel et de son anxiété afin d’avancer de l’avant.

Ovni à Doukkala : depuis longtemps les américains ont puisé dans ce sujet pour aborder la question de la rencontre avec l’autre (alien ). Ce récit traite le sujet de l’altérité et de la phobie de l’autre (inconnu) dans un contexte humoristique faisant intervenir les anecdotes de la région

Aicha la Comtessa : cette nouvelle aborde aussi la question de l’exclusion, sauf que le personnage subit quatre sortes de marginalisation qui se cumulent (exclusion de communication, exclusion professionnelle, ludique et aussi sexuelle). La souffrance du personnage le fait verser dans les croyances populaires, du coup, le voilà prisonnier dans le mythe de Aïcha Kondécha

Le clan et le louchon : ce récit traite de l’exclusion due à un handicap physique. Le personnage principal tente de trouver une solution d’intégration sociale en usant de son esprit au sein d’un clan dopé par les traditions séculaires et les nombreuses croyances ataviques.

El Jadida, la terrible : cette nouvelle traite de la question de l’exclusion de l’espace rural. Le personnage est un naïf paysan doukkali qui est confronté à des situations burlesques dans la ville d’où il en sort de justesse avec de nouvelles convictions quant à l’envahisseur urbain…