Conférence sur les découvertes portugaises à l’époque de Don Henrique

En marge de la visite d’une délégation de la ville portugaise de Lagos, le professeur Jose Antonio Di Jizos Martinez a animé une conférence le lundi 3 mars 2003 à la salle des réunions de la faculté des lettres d’El Jadida sur : « Les découvertes portugaises et la zone d’ouest (Sud du Portugal) à l’époque de Don Henrique 1415-1460 Lagos – Cap Boujdour »

Ont assisté à cette conférence l’attaché culturel de l’ambassade du Portugal, le responsable du groupe de recherche « Maroc et Portugal histoire commune », le directeur du centre du patrimoine Maroc – Lusitanien, les membres de la délégation portugaise, des professeurs et étudiants de la faculté des lettres et d’autres invités.
La délégation portugaise avait entamé le 1er mars une visite des villes marocaines qui avaient connu une présence portugaise, et qui se clôturera le 10 mars par l’arrivée au Cap Boujdour en passant par : Casablanca, Azemmour, El Jadida, Safi, Essaouira, Agadir.
Cette visite d’étude essaye de retracer le trajet maritime qu’avait initié l’Infant Don Henrique au 15ème siècle. Après s’être emparé de la ville marocaine de Ceuta le 21 août 1415, l’infant à peine âgé de 21 ans découvrit la réalité du commerce africain. Deux motivations l’encourageaient à entamer la découverte du continent, qui mènera enfin à la route de l’inde, faire des chrétiens et chercher des épices.

Le Prince Henri, troisième fils de Jean 1er, a grandi parmi les cartographes, les géographes, les astronautes et autres savants, il devient gouverneur d’Algarve (Algharbe) après la conquête de Ceuta et gouverneur de l’ordre des Chevaliers du Christ l’année suivante. Ses études des cartes anciennes lui procurent la certitude scientifique que l’Asie peut être rattrapée par la route du sud. Il construit la Villa do Infante sur le promontoire de Sagres près de la ville portuaire de Lagos et entreprend de changer le cours du trafic maritime, et de l’histoire.

Après avoir lancé ses premières explorations (Açores et Madère en 1419), il envoie Gil Eannes, écuyer de sa maison, vérifier sa théorie en 1434. Eannes s’embarque au départ de Lagos sur une « barca », une grosse chaloupe à voiles et avirons, des chapelets d’ail accrochés aux poutres de la réserve. Evitant la zone dangereuse, il contourne le Cap Bojador.

Plusieurs expéditions sont ainsi lancées: Eannes, accompagné d’un marin hardi du nom d’Afonso Gonçalves Baldaia, entreprend un long cabotage et jette l’ancre 50 lieues au-delà du cap où les empreintes d’hommes et de chameaux étaient inscrits dans le sable. Dans un autre voyage, Il rencontre un petit bras de mer à 100 lieues au sud de Bojador qu’il baptise « Rio do Ouro »; il rencontre les premiers Africains et embarque des centaines de peaux de loups-marins. Il ne rapporte aucune épice mais brise la frontière de l’ignorance et donne au Portugal quelques encablures d’avance sur l’Espagne.
Dix-neuf ans et une douzaine de tentatives infructueuses pour franchir, un peu au sud du Maroc, le modeste cap Bojador, le cap de la peur, l’entrée redoutable de la mer des ténèbres .

Ce grand exploit avait démontré l’erreur de Ptolémée qui pensait la Libye soudée au continent austral d’équilibre, et causé un bouleversement intellectuel plus qu’un simple progrès des sciences et des techniques.

D’après le conférencier des vestiges existent toujours dans le cap Boujdour mais par manque de contact avec les autorités au sud du Maroc ils ne sont pas encore étudiés par les chercheurs portugais, et le voyage qu’entreprend la délégation qu’il accompagne au Maroc tente de nouer les liens avec les chercheurs marocains pour approfondir les connaissances sur ces vestiges et chercher les documents de cette époque qui pourraient donner un éclaircissement sur beaucoup de questions qui restent encore posées. Notamment l’existence éventuelle des hommes au cap au moment de son contournement par Gil Eannes.

Le professeur Martinez a aussi proposé une coopération par le biais de la municipalité de Lagos pour développer les échanges entre El Jadida Algarve en général, organiser des colloques sur la situation du patrimoine portugais et sur les découvertes portugaises.

De sa part l’attaché culturel de l’ambassade du Portugal a invité les étudiants à faire des demandes dans le but de profiter des quatre bourses d’études qu’octroie son pays chaque an aux étudiants marocains.