Le quartier Al Qaria dont vient d’hériter Sidi Bennour suite au dernier découpage administratif, représente de nos jours la plaie ouverte, qui ne cesse de saigner le corps urbanistique de cette ville et ce, malgré tous les efforts consentis par les instances concernées pour juguler l’hémorragie.
Al Qaria dont le premier noyau n’était autre, au tout début des années 70 du siècle dernier qu’un petit village relevant de la commune de Bouhmame, a pris aujourd’hui des allures considérables pour représenter un gigantesque bidonville (Le plus vaste de toute la région), dont les tentacules s’étendent sur prés de 60 ha, où se terrent dans des conditions déplorables une population estimée à 10000 habitants, essentiellement originaire des environs de Sidi Bennour avec une faible minorité venue de différentes régions du pays.
Certes, ces chiffres qui choquent et font surtout peur, nous amènent à nous interroger sur les vrais raisons qui font que cette poudrière humaine n’a pas encore été désamorcée, malgré toutes les tentatives de restructuration et les concertations accrues avec les intéressés qui n’aspirent qu’à se loger décemment et en toute dignité.
Les démons de l’hombre seraient-ils ailleurs et plus forts, alors que l’administration cherche désespérément depuis 2004 à libérer à libérer les habitants de ces conglomérats de la honte d’une situation des plus surréalistes ?
En nous penchant un peu sur les multiples et diverses actions enclenchées ou proposées par les partenaires, qui essayent de trouver une issue honorable à cette calamité, on serait tenté de croire que les échecs répétitifs sur lesquels ont buté toutes les solutions ne sont pas innocentes et dépassent la volonté d’une population piégée dans espace où la dignité humaine est au plus bas du seuil tolérable.
Pourtant, un projet de restructuration a été mis en place dans le cadre du programme « villes sans bidonvilles » et ce depuis la signature de la convention de 2004. Cela consiste à intégrer le quartier Al Qaria dans le tissu urbain en le dotant des équipements d’infrastructure nécessaires tout en régularisant la situation urbanistique et foncière des résidents. Pour ce qui est des ménages dont les baraquements auront à se retrouver sur le tracé des voies d’aménagement, la solution préconisée est de les transférer vers le lotissement « Wafae » de la ville de Sidi Bennour.
Malheureusement les espoirs liés à cette issue se sont épuisés en plein parcours. Les seuls aspects positifs de cette opération se résument à une perte de temps considérable, à l’engloutissement de 37 millions de dh et à la réalisation des travaux d’assainissement qui sont achevés dans leur intégralité.
Que s’est-il passé en cours de route pour que les bénéficiaires boudent cette première solution ? Mystère et boule de gomme.
Aujourd’hui, on croit savoir que les partenaires planchent sur une stratégie de rechange, qui consiste au déclenchement d’une vaste opération de recasement. Et là encore, la rumeur qui circule ne présage rien de réjouissant, ce qui nous ramène à la case des interrogations : Qui a intérêt à ce que la mèche de la poudrière reste allumée? Nous estimons que face à la gravité de la situation, une enquête s’impose aujourd’hui plus que jamais.