Safi: Des clôtures pour protéger les gazelles contre les braconniers

· La réserve de M’Sabih Talaa abrite actuellement 500 gazelles Dorcas

· Avant la clôture, leur nombre ne dépassait pas les 150

C’est l’une des plus vieilles réserves du Maroc. Elle a été fondée en 1952 avec à peine quelques dizaines de gazelles Dorcas. Il s’agit de la réserve de M’Sabih Talaa, à 120 km de la ville de Safi. Le nombre des gazelles ne dépassait pas les 150 en 1996, d’après une étude des aires protégées. Après la mise en place de la clôture et un comptage effectué en février 2003, la réserve regroupait plus de 500 gazelles, révèle Mohamed Ouchtal, chef de service des Eaux et Forêts à Safi.
Une clôture protège dorénavant la réserve sur 20 km en grillage et 24 km en béton. Cette clôture était devenue nécessaire pour protéger la réserve contre les braconniers. Pour la surveillance, des maisons de gardiens ont été aménagées et 3 miradors en dur de 10 m de hauteur ont été érigés. Des puits équipés de pompe à énergie solaire et 36 abreuvoirs sont disséminés un peu partout délibérément.
De même que des rondes nocturnes sont organisées pour dépister et déjouer les pièges de braconniers. L’implantation de cette réserve a entraîné la réinstallation de l’écosystème disparu. Le dispositif a permis la réapparition d’une végétation dense et sauvage. Le visiteur ne manquera pas de remarquer une dissemblance flagrante entre la végétation de la réserve et ses abords devenus désertiques à cause de la surexploitation. Une faune variée s’est développée. Des mammifères dont des sangliers et des renards y ont été introduits, sans oublier les différentes espèces d’oiseaux comme la cigogne, le faucon, la perdrix.
L’endroit abrite également une importante variété de reptiles. Ce site convient parfaitement à des circuits touristiques et des visites en famille grâce aussi à 22 km de pistes aménagées. Il fait partie d’ailleurs des programmes d’informations pour la valorisation pédagogique et écologique.
Les moyens de la réserve restent cependant limités. L’approvisionnement en carburant pour la surveillance et en eau pour les abreuvoirs n’est pas régulièrement assuré. La réserve a aussi besoin de crédits plus conséquents pour la réfection des clôtures endommagées par les riverains et les crues des oueds.
D’une superficie de 1.987 hectares, la réserve a été classée par le plan directeur des aires protégées, comme site d’intérêt biologique et écologique (SIBE). La mise en défens de ce périmètre a permis au début le rassemblement de plusieurs couples de gazelles originaires de la région du Haouz, explique Mohamed Ouchtal. La gazelle Dorcas est caractérisée par son adaptation aux milieux arides et désertiques.
La pluviométrie moyenne annuelle dans cette région est de l’ordre de 150 mm (irrégulièrement répartie dans le temps et dans l’espace). La moyenne des températures varie entre 5 °C et 42 °C. Le braconnage reste la principale menace pour l’espèce.
Une population dépassant 1.200 habitants répartis sur 5 douars et un cheptel ovin de plus de 6.000 têtes constituent une pression et une menace pour le développement de l’écosystème de la réserve, indique Mohamed Ouchtal. Ces riverains représentent la principale cause du surpâturage, de la surexploitation du bois et du braconnage. Ce qui entrave la reproduction de la gazelle Dorcas dont le nombre n’avait pas évolué depuis 45 ans.

Forte régression

Espèce répandue dans le désert iranien, la gazelle Dorcas est en forte régression dans le monde et particulièrement au Maroc où elle peuplait au XVIe siècle toutes les plaines du pays, selon Léon L’Africain (Epaulard 1980). En dehors de la réserve de Safi et de certaines réserves royales, la gazelle n’existe plus aujourd’hui que dans l’Oriental et les régions présahariennes au Sud du Haut Atlas.
Avec une portée par an et une gestation de 180 jours, les gazelles nécessitent une très grande protection pour se reproduire.

Mohamed RAMDANI – L’économiste 15-01-2004