« REMINESCENCE » A LA MEMOIRE DE FEU HAJ MOHAMED MOUNDIB

Le devoir de mémoire nous appelle à rendre un vibrant hommage posthume à feu Moundib Mohamed et bien d’autres anciens Jdidis qui avaient trempé profondément leur âme et leur cœur dans cette lutte acharnée qui enflammait nombre de jeunes de la ville d’El Jadida durant les années 40 et 50. Il faut dire qu’en ces temps du protectorat, le Football, au-delà de ses aspects sportif et événementiel, était surtout considéré comme un symbole de résistance locale qui dérangeait hautement l’administration d’alors.

Et c’est dans ce contexte particulièrement difficile que s’étaient développées les premières racines de la future grande équipe de Football de la région d’El Jadida, plus connue aujourd’hui sous le nom du Difaâ Hassani d’El Jadida.

« Réminiscence », était le titre à travers lequel Haj Moundib Mohamed, voulait immortaliser ses souvenirs relatifs à cette période peu connue, sinon trop controversée ou entachée d’ombre et dont il était l’un des maillons à l’instar de Bel Arbi (plus connu sous le nom de Bakle), Driss Admoun, Dehchi Abdellah, et bien d’autres personnes auxquelles nous accordons tous les respects.

Feu Haj Moundib Mohamed
Feu Haj Moundib Mohamed

Haj Moundib Mohamed qui était rappelé à Dieu bien avant de concrétiser son rêve, nous a quand même légué quelques repères historiques de l’élogieuse épopée de ce Difaâ que nombre de jeunes d’aujourd’hui sont loin d’en apprécier la portée.

Dans l’article qui suit, nous nous sommes basés sur quelques fragments des notes de feu Haj Moundib Mohamed (que Dieu l’entoure de sa sainte miséricorde), pour exhausser modestement son dernier et plus cher vœu, mais aussi pour éclairer les jeunes générations sur le passé glorieux de leur équipe.

Toutefois, s’il est vrai que le Difaâ n’est la propriété de personne et reste à la fois un patrimoine local et une mémoire collective, il est tout aussi vrai qu’il doit aspirer à un amour qui insuffle la vie et non pas à un amour qui tue.

C.A

Chronique d’un D.H.J. bafoué

Fantastique époque que celle qui retrace l’histoire du Difaâ Hassani D’El Jadida, 1ère équipe marocaine de la ville, affiliée à la ligue libre en 1956 et dont les racines trempent dans l’héroïsme de l’action du nationalisme dans la région durant le protectorat français.

Il va sans dire qu’à l’origine, et ce depuis les années 20, le sport footballistique d’El Jadida était sous la houlette du seul sporting club Mazagan, équipe gérée par l’administration et quelques colons français et affiliée à la ligue du Maroc qui dépendait alors de la Fédération française du football (F.F.F.).

Ledit sporting, qui évoluait dans le championnat à l’échelle du Maroc, faisait partie de la ligue Sud-Côtier durant la 2ème guerre mondiale où le Maroc était partagé en quatre districts : district nord, district sud, district centre (Casa) et district sud côtier.

Le sporting impliquait aussi en plus des joueurs français, qui étaient majoritaires, nombre de joueurs marocains.

Vers les années 40, et parallèlement au sporting qui alternait entre la division honneur et la division pré-honneur, d’autre petites équipes de quartier s’étaient créées dans la ville et organisaient soit des compétitions inter-quartiers sur la plage, soit des tournois inter-villes durant les fêtes religieuses et surtout le jour de la fête du Trône.

Parmi ces équipes on peut citer :
– Takadoum : formée par les élèves et personnel de l’école musulmane d’apprentissage et dirigée par Guendouz M’Hamed.
– Najah : formée par les élèves et personnel de l’école libre, Ettahdib et dirigée par Lemseffer Ahmed.

Ces deux équipes qui ont fusionné ont donné naissance à l’Union sportive du Doukkala (U.S.D.), cette dernière a été dissoute vers la fin des années (40) sous la pression française.

Vers le début des années 50, l’idée de faire participer au championnat pré-honneur une équipe de la ville, constituée entièrement par des Marocains, à l’image du WAC qui était plus qu’un symbole, commença à couver à El Jadida. Et ce n’est qu’en 1953, année clé dans l’histoire du Maroc, que ce qui n’était au début qu’un espoir, prenait la tournure d’une réalité qu’il fallait concrétiser à n’importe quel prix.

C’est ainsi que le Difaâ club africain (DCA) fut choisi comme dénomination et le dossier de cette jeune formation avait été sérieusement défendu par un instituteur français libéral auprès de la fédération française de football. Celle dernière avait imposé comme conditions quatre points : à savoir, qu’Il fallait que l’équipe fasse jouer 6 Français et 5 Marocains, que le mot africain de la dénomination soit changé en Atletic et que l’équipe possède son propre terrain.

Mais finalement, toutes ces conditions n’avaient pas été acceptées sauf la 1ère. C’est alors que le (D.C.A.) Difaâ club atletic fut accepté avec un français du nom de Frappart comme président en optant pour le vert et blanc comme couleurs de l’équipe. Malheureusement cette équipe n’avait jamais démarré.

Il faut admettre que durant cette période de l’histoire du Maroc, la répression française était à son maximum pour casser le nationalisme marocain qui avait pris des dimensions alarmantes contre l’occupation.

C’est aussi durant cette période que l’administration française avait tué dans l’œuf la jeune équipe du D.C.A. qui risquait d’être un symbole dangereux dans la ville. La réaction avait été dure et rapide : le président avait été renvoyé en France, Ben Châa dirigeant et joueur avait été muté à Mohammedia, feu Bel Arbi (Bakle), cheville ouvrière de l’équipe, avait été emprisonné et nombre de jeunes, surtout ceux de quartier Sfa, fief du D.C.A. avaient été interrogés par la police française. Et ce fut la fin du D.C.A. avant d’avoir vu le jour et de tout regroupement de jeunes autour d’une équipe.

Il aura fallu attendre 1955, année au cours de laquelle s’est créée la ligue libre de Casablanca, pour que les équipes de quartier d’El Jadida se reconstituent de manière spontanée et reprennent leurs compétitions à la plage.

Toutefois, l’idée de faire intégrer une équipe de la ville dans cette ligue libre, était devenue plus que jamais impérative, et c’est ainsi que s’était opérée la fusion entre d’une part le D.C.A. reconstitué par Moundib Med et Bel Arbi et d’autre part le Hassania représenté par Admoun Driss et Dehchi Abdallah pour donner naissance au Difaâ Hassania qui s’est transformée en Difaâ Hassani d’El Jadida (D.H.J). La constitution de cette jeune équipe eut lieu alors dans une résidence du quartier Sfa, et plus particulièrement au 17 Rue Docteur Jacques, qui n’est autre que le foyer de la famille Moundib.

Cette jeune formation avait eu le mérite de remporter la 1ère coupe Zerktouni, organisée par la ligue libre, en gagnant par (2-1) contre le Hassania de Casa.

En 1956, la fusion de la ligue libre et de la ligue du Maroc a donné naissance à la FRMF.

Durant la coupe du Trône de cette année là, le DHJ qui avait été battu par le WAC en ¼ de finale, avait par la même occasion mérité sa place en 1ère division.

Aujourd’hui, c’est ce même D.H.J. qui continue à lever le flambeau du football dans la ville. C’est ce même D.H.J qui a longtemps servi de véritable pépinière et donné naissance à Chiadmi, Maâroufi, Chicha, Baba, Chrif, Ouazir, Réda… Pour ne citer que ceux-la. Et c’est malheureusement ce même D.H.J qu’on cherche à sacrifier sur l’autel de la bassesse et les calculs mesquins des uns et des autres.

Serait-il vain de souligner que par de tels agissements aussi irresponsables qu’irréfléchis c’est toute l’histoire footballistique de la région qu’on bafoue.

CHAHID Ahmed