« Si Rabat ne peut pas accueillir les 30 millions de Marocains qui ne peuvent pas tous faire le déplacement, ils y seront avec leur cœur et leurs sentiments », c’était la déclaration de Khalid Sefiani, président de l’Association Marocaine de Soutien à la lutte du Peuple Palestinien.
Ils étaient des centaines de milliers de Marocains – plus d’un million selon les autorités, trois millions selon les organisateurs – ce dimanche 7 avril 2002 dans les rues de Rabat pour dénoncer la guerre d’Israël dans les territoires palestiniens et soutenir le président Yasser Arafat.
Les manifestants ont brandis des banderoles sur lesquelles sont inscrits des slogans dénonçant les tueries et massacres perpétrés par la machine de guerre sioniste, dirigée par le sanguinaire Ariel Sharon, contre le peuple palestinien désarmé et appelant à traduire en justice les criminels de guerre et à instaurer un Etat palestinien indépendant.
« Le peuple marocain a exprimé aujourd’hui et avec force, à travers la marche de solidarité avec la Palestine, son unité et sa solidarité avec le peuple palestinien frère et sa direction, avec à sa tête M. Abou Ammar, devenu désormais le symbole de la résistance face à toutes les formes de terrorisme exercées en permanence par Israël sur le peuple palestinien », a assuré le Premier ministre M. Abderrahmane Youssoufi.
L’ensemble des partis politiques, les centrales syndicales, ONG et ordres professionnels avaient appelé leurs adhérents à participer à cette grande marche dans les principales artères de la capitale marocaine.
Le défilé, auquel ont participé pendant cinq heures des Marocains venus de toutes les régions, s’est dispersé dans le calme au terme d’un parcours de trois kilomètres environ.
Le seul incident notable a été relevé, lorsque le Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, a été pris à partie par des manifestants qui protestaient contre l’attitude, jugée trop conciliante, des régimes arabes vis-à-vis d’Israël. M. Youssoufi, entouré de ses collaborateurs, a décidé d’écourter sa participation à la manifestation.
Les islamistes marocains ont participé massivement à cette marche anti-israélienne. L’influente association Al Adl Wal Isshane (Justice et Tolérance) en tête, ils ont fait une imposante démonstration de force, lançant des slogans de solidarité avec les Palestiniens et des appels au Jihad (guerre sainte).
Les manifestations de soutien aux palestiniens, réunissant des centaines et parfois des milliers de personnes, s’étaient multipliées au cours des deux dernières semaines, à Rabat comme dans toutes les principales villes du royaume.
« Sharon assassin ! Bush est son chien ! », scandaient sous la pluie des femmes voilées et de jeunes barbus lors de cette première manifestation pro-palestinienne autorisée par les autorités depuis le début, en octobre 2000, de l' »intifada des mosquées ».
Des drapeaux israéliens ont été brûlés de même que des effigies du Premier ministre israélien Ariel Sharon, tandis qu’une banderole proclamait en anglais « Sharon et Bush sont des criminels de guerre ».
La manifestation a précédé l’arrivée prévue au Maroc de Colon Powell, le secrétaire d’Etat américain dépêché au Proche-Orient par le président George W. Bush pour tenter d’éteindre l’incendie dans la région.