LA FAUCONNERIE PATRIMOINE HUMAIN VIVANT Lekouassems célèbrent le 1er anniversaire du classement

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A l’instar des autres membres de la communauté des fauconniers qui détiennent encore les secrets traditionnels de chasse au vol et qui sont répertoriés dans prés de 60 Pays de par le monde, l’association des fauconniers lekouassems ouled frej d’El Jadida, n’a pas manqué de célébrer le premier anniversaire du classement de ce noble art sur la liste représentative de l’UNESCO, en tant que patrimoine humain vivant.

C’est au douar smâala, reconnu depuis longtemps comme fief incontesté de la fauconnerie au Maroc que se sont déroulées les festivités de cet événement singulier auquel ont participé les fauconniers professionnels des Emirats Arabes Unis, du Royaume d’Arabie Saoudite, du Koweït, de Qatar et d’Espagne. Plusieurs jours durant, l’air du temps a été consacré uniquement au langage de la fauconnerie, aux échanges d’expériences et surtout aux spectaculaires démonstrations d’affaitages et de randonnées de chasse au vol dans les zones de Moghress, ouled ghanem et gharbia, le tout couronné par des visites à la Kasbah de Boulaouane qui représentait du temps du Sultan Moulay Ismaïl, un incontournable berceau de la fauconnerie au Maroc.

 

Comme le prévoit le programme de l’Association, La clôture de cette manifestation se déroulera dans la ville d’El Jadida et plus précisément à la galerie d’art du conservatoire de musique Al mostakbal, sous les aspects d’une riche exposition culturelle où le public aura l’occasion de découvrir les multiples facettes de ce patrimoine particulier et son ancrage séculaire dans la terre des Doukkala, et ce, à travers des photos, des manuscrits, des dahirs royaux en plus des différents instruments et équipements que se partagent tous les fauconniers du monde.

A rappeler que c’est lors de sa session de Nairobi, tenue Kenya en Novembre 2010, que le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture), a inscrit une méthode de chasse traditionnelle, à savoir la fauconnerie, sur sa Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Vieille de plusieurs milliers d’années, la tradition de la fauconnerie a traversé le temps et est restée intacte, grâce à la transmission de ses connaissances de pères en fils à travers diverses générations.

Selon l’UNECSO, Il s’agit de la plus grande nomination de l’histoire de la convention de cette instance. C’est une soumission massive de onze nations – Belgique, République tchèque, France, Corée, Mongolie, Maroc, Qatar, Arabie Saoudite, Espagne, Syrie et Emirats Arabes Unis – coordonnée par l’Autorité d’Abou Dhabi pour la Culture et le Patrimoine. Au cours du processus d’inscription, les représentants de l’UNESCO ont écrit à ce sujet « … c’est un exemple remarquable de coopération entre nations ».

La fauconnerie est considérée comme une activité à faible impact sur l’environnement. Les fauconniers comprennent que leurs faucons et leurs oiseaux de proie doivent être préservés et ils pratiquent depuis des siècles l’utilisation durable. Feu son Altesse Cheikh Zayd Ibn Soultane Al Nahyane disait, « Ce qui est important ce n’est pas ce que tu attrapes mais ce que tu laisses derrière toi ».

Les fauconniers partagent des principes universels. On retrouve dans le monde entier leurs méthodes d’entraînement et de soin, leur équipement particulier et la relation privilégiée avec l’oiseau. Malgré de petites différences entre pays, l’universalité des savoirs et des traditions donnent un caractère universel au faucon et le maintiennent en vie.

Ainsi donc, le Maroc n’est pas entré par la petite porte dans cette cours des grands représentée par un univers particulier où seuls quelques initiés de par monde militent encore pour conserver les traces de cette tradition multiséculaire qui a connu autrefois un véritable âge d’or.

Aujourd’hui comme hier, il est toujours difficile d’évoquer la fauconnerie du Maroc sans se référer à cette fameuse tribu lekouassems de Doukkala, dont le fief incontesté est solidement ancré au Douar Smâala d’Ouled Frej dans la Province d’El Jadida, de même qu’à Ouled Amrane dans la Province de Sidi Bennour, là où toutes les familles ne connaissent que le langage du faucon et de la fauconnerie. Une solide communion entre le maître et le rapace qui n’a jamais perdu de sa teneur et encore moins de son originalité.

Rendre un vibrant hommage aux anciennes générations qui ont veillé sur la pérennité de cette tradition ne ferait que rétablir l’histoire dans ses droits, et l’histoire de la fauconnerie de Doukkala comme toutes les autres, appelle à la reconnaissance envers les hommes qui l’ont façonnée ainsi qu’au soutien de ceux qui continuent à porter haut le flambeau de sa continuité.

Il serait difficile d’énumérer ou de commenter toutes les activités et actions phares sur lesquelles se sont focalisées les efforts de cette association durant prés de deux décennies de son existence. Le travail a été de longue haleine et le reste toujours afin de redorer le blason de cette tradition qui était presque sur la voie de la disparition.

Aujourd’hui, on estime que tous ces sacrifices ne sont pas allés en pure perte puisque les objectifs escomptés sont atteints avec la meilleure des espérances. La fauconnerie chez lekouassems a sainement mûri et ne cesse de tenter les professionnels de différents horizons, connus pour leur attachement à cette discipline de chasse noble, ainsi qu’aux règles et finesses régissant cette science qui reste à la fois un art de vivre et un héritage aux mille petits secrets.

Ahmed Chahid