Lors de sa session de Naïrobi, tenue du 15 au 19 Novembre 2010, le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture ), a inscrit une méthode de chasse traditionnelle, la fauconnerie, sur sa Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Vieille de plusieurs milliers d’années, la tradition de la fauconnerie a traversé le temps et est restée intacte, grâce à la transmission de ses connaissances de pères en fils à travers diverses générations.
Il s’agit de la plus grande nomination de l’histoire de la convention de l’UNESCO. C’est une soumission massive de onze nations – Belgique, République tchèque, France, Corée, Mongolie, Maroc, Qatar, Arabie Saoudite, Espagne, Syrie et Emirats Arabes Unis – coordonnée par l’Autorité d’Abou Dabi pour la Culture et le Patrimoine ,
La soumission de l’UNESCO stipule que la fauconnerie est une des plus anciennes relations entre l’homme et l’oiseau, datant de plus de 4000 ans. C’est une activité traditionnelle supposant l’utilisation d’oiseaux de proie entraînés pour attraper leurs proies dans leurs conditions et leurs habitats naturels. C’est une activité naturelle car faucons et proies ont évolué ensemble et interagi pendant des millions d’années. Le faucon s’est adapté pour chasser ses proies et les proies ont également évolué en de nombreux aspects pour essayer d’échapper au faucon. C’est un aperçu fascinant de la manière dont la nature fonctionne et un défi intellectuel pour le fauconnier d’essayer de comprendre ces comportements. Sa tache est de ramener les acteurs ensemble au stade de la nature. Cela implique pour le fauconnier de développer une relation particulière et une synergie importante avec son oiseau.
Ainsi donc, le Maroc n’est pas entré par la petite porte dans cette cours des grands représentée par un univers particulier où seuls quelques initiés de par monde militent encore pour conserver les traces de cette tradition multiséculaire qui a connu autrefois un véritable âge d’or.
Aujourd’hui comme hier, il est toujours difficile d’évoquer la fauconnerie du Maroc sans se référer à cette fameuse tribu lekouassems de Doukkala, dont le fief incontesté est solidement ancré au Douar Smâala d’Ouled Frej dans la Province d’El Jadida, de même qu’à Ouled Amrane dans la Province de Sidi Bennour, là où toutes les familles ne connaissent que le langage du faucon et de la fauconnerie. Une solide communion entre le maître et le rapace qui n’a jamais perdu de sa teneur et encore moins de son originalité.
Rendre un vibrant hommage aux anciennes générations qui ont veillé sur la pérennité de cette tradition ne ferait que rétablir l’histoire dans ses droits, et l’histoire de la fauconnerie de Doukkala comme toutes les autres, appelle à la reconnaissance envers les hommes qui l’ont façonnée ainsi qu’au soutien de ceux qui continuent à porter haut le flambeau de sa continuité.
Chahid Ahmed