Tout l’avenir urbain d’El Jadida se joue au secteur III. Un périmètre de près de 900 ha, en mesure de recevoir quelque 100.000 habitants, dans les prochaines années, soit un peu moins de l’équivalent de la population actuelle d’El Jadida.
Demeurant à l’état d’enclave depuis plusieurs années, par manque d’infrastructures de base et la proximité de deux taches noires représentées par la décharge publique (13,5 ha) et l’aérodrome (85 ha), le secteur III semble reprendre vie ces derniers temps.
Pour en savoir plus sur les réalités du terrain, nous avons rencontré Mohamed Farès, responsable de la division d’urbanisme et d’environnement dans la province, et qui a bien voulu répondre à nos questions. Entretien.
Libération: Que représente aujourd’hui le secteur III pour l’avenir urbain de la ville d’El Jadida?
Mohamed Fares: Le périmètre d’aménagement de la ville d’El Jadida est découpé en 5 aires d’aménagement dits secteurs.
Parmi ces secteurs, le secteur III représente la seule aire encore non ouverte à l’urbanisation. De ce fait, il constitue en terme d’espace la seule possibilité d’extension et de croissance de la ville d’El Jadida.
En terme d’aménagement, cela représente la création d’une nouvelle ville d’environ 75.000 habitants avec tout ce que cela implique comme enjeux.
Quelles sont les raisons qui ont fait qu’il reste enclavé depuis plusieurs années?
Le secteur III n’a pu être ouvert à l’urbanisme pour deux raisons essentielles:
- L’absence d’infrastructures de base: voirie, assainissement, électricité… faute d’investissements de la collectivité et du privé.
- La présence de deux enclaves majeures compromettant le développement homogène et continu de la ville; à savoir l’aérodrome et la décharge publique.
Ces deux enclaves qui représentent plus d’une centaine d’hectares créent une sorte de “no man’land” et constituent un obstacle au développement radio concentrique de la ville qui lui a été tracé.
C’est ainsi qu’actuellement, nous assistons à un développement sous forme de fourche à deux têtes du Nord vers le sud encadrant les enclaves indiquées.
Pouvons-nous avoir des éclaircissements sur sa situation actuelle?
Aujourd’hui, l’autorité provinciale s’est lancée dans un vaste programme de réhabilitation de l’espace urbain et sa valorisation, se basant sur les défis et enjeux qui attendent la ville d’El Jadida à travers les grands projets nationaux, lesquels sont en train de se réaliser ou de s’implanter dans la région. Cela s’accompagne de grands projets structurants et relevant d’autres initiatives (station Haouzia, parc industriel, ouverture de l’autoroute…) :
Deux grands options sont à considérer :
- Assurer le développement de la ville de façon maîtrisée et homogène par la suppression des enclaves et leur réaffectation à des programmes d’actualité
- La réhabilitation de l’espace urbain à travers des opérations d’aménagement et d’embellissement dans divers points et artères de la ville axées essentiellement sur :
- L’aménagement des artères,
- Le traitement des espaces publics (places, parcs et jardins)
- L’éclairage public et d’ambiance,
- La création d’aires de stationnement,
- Le traitement du mobilier urbain.
L’idée fondamentale régissant ce vaste programme pourrait s’inscrire sous le thème de “réconcilier le jdidi avec sa ville”.
Quant à l’aspect relatif aux enclaves, il convient de souligner que les études préliminaires sont établies et les premières options fixées, passent par les opérations suivantes : - Assurer la jonction de la partie-est de la ville avec sa partie-ouest
- Déplacement de la décharge actuelle et sa réaffectation en parc urbain
- Réaffectation de l’aire de l’aérodrome en pôle et noyau urbain, assurant la jonction entre les parties basse et haute de la ville, et réalisation d’un véritable réceptacle de grands équipements et espaces qui manquent actuellement. Ce sera en même temps l’occasion de procéder à la dédensification et l’élimination de points insalubres existants actuellement.
Aujourd’hui, les premières mesures administratives sont entamées en vue de la première phase de déclassement.
On dit qu’El Jadida grandit sans la moindre touche artistique du point de vue architectural… Que répondez-vous à ce genre d’interrogation?
De point de vue production et qualité architecturale, il serait honnête de dire qu’elle ne suit pas les efforts en cours en termes d’aménagement urbain et de réhabilitation de l’espace public.
En effet, la production est pauvre en terme de qualité, caractérisée par la perte de repères et de langage architectural. Trois causes principales peuvent être avancées:
- Le faible degré d’investissement des concepteurs de projets au niveau de l’élément architectonique, à travers une réelle lecture de la ville basée sur son histoire et sa logique de composition et de croissance.
- Le faible degré d’attention accordée par les commissions chargées de l’instruction de ces dossiers quant à la qualité de la production et la composition urbaine.
l- Le degré de formation et d’encadrement des différents acteurs impliqués dans l’acte de bâtir.
Cependant, il est à souligner que sous l’égide de l’autorité provinciale, le fonctionnement des commissions d’esthétique a été revu de façon à systématiser l’étude de tous les projets importants ou signifiants de par l’importance du programme ou de la localisation ou autre, afin que la production architecturale aille de pair avec le processus énoncé et engagé.
Ahmed CHAHID – Liberation 18-03-2004