Dernier hommage à un Jdidi victime de la barbarie

Dimanche matin, les citoyens d’El-Jadida se sont longuement recueillis devant la dépouille mortelle de l’un des leurs, frappé par la barbarie aveugle qui a endeuillé Casablanca.
Mounbid Abdelkrim, banquier de profession et père de deux enfants, a été assassiné traîtreusement par la bête immonde dont le seul visage qu’on lui connaît est celui de la haine noire.

Il vivait en toute confiance dans ce pays de droit, de paix et de tolérance, sans jamais croire que quelque part, les démons des ténèbres sont déjà en transe pour perpétrer le plus horrible des crimes qu’ait jamais connus le Maroc.
Sa petite famille a longuement attendu son retour dans une veillée des plus cruelles, sans fin, entrecoupée de doute et d’espoir. Même les premières lueurs d’une aube naissance sont sinistres, sans nouvelle et sans le moindre réconfort.
Il est écrit qu’Abdelkrim ne reviendra jamais plus. Le tourbillon de cette violence aveugle et gratuite l’a emporté à tout jamais. Seuls les échos de son rire franc et ses boutades bon enfant sont restés en héritage à sa famille brisée et meurtrie au plus profond d’elle-même, victime innocente parmi d’autres dont les familles doivent partager les mêmes douleurs, Moundib Abdelkrim a été recueilli en martyr par sa ville natale. Et c’est en paix, au sein de la terre fraîche du cimetière de Sidi Moussa, aux côtés de ses parents que le destin a daigné lui accorder le repos éternel qu’aucun des obscurantistes ne pourra jamais lui voler.
Paix à toi mon ami, mon neveu et mon frère, ton Maroc, ce pays que tu aimais tant a été lâchement touché dans sa propre chair et tu n’es plus là pour partager notre rejet et notre révulsion contre les charognards. Mais ici bas, le combat auquel tu nous as habitués continue, sans relâche, pour que ce beau pays reste digne de ceux qui l’ont construit ainsi que les autres qui veulent y vivre en paix et dans la sérénité.

Chahid Ahmed – Libération 19 mai 2003